Médicaments et sérendipité

Du pectoriloque de René Laënnec au stéthoscope

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Publié le 11/08/2016
stéthoscope

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Crédit photo : PHANIE

La petite histoire

Lorsqu’il est affecté en pneumologie, à l’hôpital Necker, en 1816, René Laënnec est l’un des premiers à utiliser la percussion décrite par un médecin autrichien, Leopold Auenbrugger, en 1761, et diffusée en France par Jean-Nicolas Corvisart. Cette approche s’ajoutait à l’auscultation médiate à l’oreille (en plaçant l'oreille sur le thorax du patient), utilisée à cette époque.

L’histoire retient qu’un jour, passant devant le Louvre en septembre 1816, il est tombé sur des enfants qui jouaient à transmettre un son de l’extrémité d’une poutre, qui était grattée à l’aide d’une épingle, à une autre où les camarades plaçaient leur oreille.

Cette observation a été révélatrice pour lui : en effet, par pudeur et par peur des maladies, il ne souhaitait plus approcher son oreille des patients lorsqu’il les percutait et auscultait. C’est de cette façon qu’il a roulé un simple papier ficelé dont il s’est servi pour éloigner sa tête du corps des patients : ainsi est né le « pectoriloque ».

Mais il ne s’attendait pas à ce que le pectoriloque lui permette de mieux entendre les bruits du cœur qui lui ont immédiatement semblé amplifiés.

Il a ensuite passé trois ans à améliorer son invention : des planches dessinées attestent de l’évolution du pectoriloque vers le stéthoscope (stethos étant le mot grec pour poitrine et scopos pour examen). Il a ainsi assemblé un cylindre de bois démontable de 3,5 cm de diamètre et de 25 cm de long avec un cornet dans lequel était placée l’oreille et une pièce creuse permettant d’obtenir un écho pectoral.

Et après ?

Les stéthoscopes en bois ont été utilisés jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Vers 1819, une membrane a été ajoutée à la pièce en contact avec le thorax.

Le premier tube flexible a été imaginé par un Britannique, Golding Bird, en 1840. Un Irlandais, Arthur Leared, a présenté un stéthoscope avec deux tuyaux flexibles à l’Exposition universelle de Londres de 1851.

C’est l’Américain George Cammann qui a inventé en 1852 le premier stéthoscope avec tube simple divisé en deux tel qu’on le connaît aujourd’hui.

En 1940, les modèles à double membrane ont été inventés.

En 1961, David Littmann a créé le stéthoscope contemporain, léger à double pavillon réversible. Après les appareils acoustiques, des stéthoscopes électroniques, enregistreurs, Doppler ont suivi et, plus récemment, des modèles qui peuvent être fabriqués à domicile avec une imprimante 3D.

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Références

Roguin A. Rene Theophile Hyacinthe Laennec (1781-1826): The Man Behind the Stethoscope. Clinical Medicine & Research September 1, 2006 vol. 4 no. 3 230-235. doi: 10.3121/cmr.4.3.230

Dr Isabelle Catala

Source : lequotidiendumedecin.fr