Ebola : une étude confirme l'importance du stress post-traumatique chez les survivants

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Publié le 11/07/2018
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Crédit photo : AFP

Le virus Ebola ne laisse pas les survivants indemnes. Plus d’un an après leur guérison, ces derniers sont nombreux à souffrir de troubles neurologiques et psychiatriques, selon une étude observationnelle publiée aujourd’hui dans « Emerging infectious disease ».

L’équipe de l’université de Liverpool, en Angleterre, et du Partenariat du King’s College de Londres avec la Sierra Leone, est partie d’un registre de 361 survivants de l’épidémie d’Ebola (sur plus de 10 000 en Sierra Leone). Parmi eux, 35 personnes s’étaient plaintes de troubles d’ordre neurologique ou psychiatrique. Elles ont fait l’objet d’un examen clinique approfondi ainsi que d’un scanner cérébral pour 17 d’entre elles.

L’étude a ainsi confirmé la fréquence des symptômes psychiatriques chez les survivants d’Ebola. Ici, 52,5 % des survivants souffrent de troubles du sommeil, 30 % de syndrome dépressif et 27,5 % d’anxiété. Souvent, plusieurs troubles sont associés. « Ces séquelles, proches du syndrome de la guerre du Golfe, viennent du stress extrême dans lequel les malades ont été plongés au moment de l’épidémie : infectés, stigmatisés, placés dans un centre de traitement avec la conviction qu’ils allaient mourir… », raconte Pr Éric Delaporte (Université de Montpellier) qui coordonne pour l’INSERM le suivi d’une cohorte de survivants en Guinée.

AVC pendant la phase aiguë de l'infection

D'un point de vue neurologique, l'étude britannique met en évidence la fréquence de la migraine chez les survivants (13 cas), suivie de neuropathies sensitives périphériques (2 cas) et d’anomalies neurologiques (2 cas). Mais pour le Pr Éric Delaporte, les résultats « les plus intéressants » ont été apportés par le scanner : 3 survivants souffrent d’atrophie cérébrale ou cérébelleuse et deux autres, âgés de 42 ans, ont été victimes d’un AVC. Ils en avaient exprimé les symptômes pendant la phase aiguë de leur infection. « Ces troubles, documentés pour la première fois, sont potentiellement liés au virus Ebola, note Eric Delaporte. Mais ils ne peuvent lui être imputés avec certitude, c’est la faiblesse de cette étude observationnelle. Il manque un groupe témoin. »

Plusieurs études française et anglo-saxonne ont également montré que, plus d’un an après leur guérison, les survivants d’Ebola peuvent souffrir de douleurs musculosquelettiques, de maux de tête et de problèmes oculaires. « Ces manifestations sont liées à l’action directe du virus au niveau des lieux de privilège immun : articulations, œil, cerveau…, explique Eric Delaporte. Celui-ci persiste un certain temps dans l’organisme après la guérison. Mais les symptômes diminuent avec le temps. Il s’agit à présent de documenter cette régression et de réfléchir à la prise en charge de ces survivants si particuliers. »


Source : lequotidiendumedecin.fr