Municipales 2001
M EME en pleine campagne électorale, devant 80 professionnels de santé parisiens du 15e arrondissement dont il brigue la mairie, Edouard Balladur ne se départit pas de sa légendaire courtoisie ni de son langage très policé. « La situation est insatisfaisante », a simplement déclaré l'ex-Premier ministre à propos du système des sanctions collectives concernant les fameuses lettres clés flottantes, que d'autres élus de l'opposition n'hésitent pas à décrier avec véhémence.
« La dépense dérape », a encore affirmé le député RPR du 15e arrondissement de Paris, qui redoute un retour au déficit des comptes sociaux en cas de « retournement de conjoncture ».
Présent aux côtés d'Edouard Balladur lors de cette « réunion informelle », le Dr Pierre Morange, délégué national RPR à la santé, député des Yvelines et également président de l'Union nationale pour l'avenir de la médecine (UNAM), a souligné que le montant moyen des dépenses de santé, « de 12 000 à 14 000 francs » par an et par habitant reste inférieur aux quelque « 30 000 F » déboursés chaque année par les Français pour leur voiture.
« Est-il concevable que le ministre de la Santé ne soit pas compétent en matière d'assurance-maladie ? », s'est encore interrogé Edouard Balladur. Cette remarque plaira sans doute à Bernard Kouchner qui n'a jamais caché qu'il aurait souhaité un ministère aux contours plus larges.
L'affaire de l'hôpital Saint-Michel
En revanche, le candidat RPR-UDF-DL à la mairie du 15e arrondissement « recommanderait volontiers au ministre délégué à la Santé de ne pas s'acharner dans l'affaire de l'hôpital Saint-Michel » (« le Quotidien » du 5 mars). En effet, selon Edouard Balladur, il n'existe « aucune raison valable » à la fermeture de lits décidée fin 2000 par le directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH), simple « préfet sanitaire » agissant pour le compte du gouvernement. L'ouverture récente de l'hôpital européen Georges-Pompidou dans le même arrondissement « n'a aucune espèce de rapport » avec cette mesure, estime l'ancien Premier ministre, précisant que l'hôpital Saint-Michel est depuis resté « plein ». Par ailleurs, « l'implication de la population » pour défendre le maintien de l'unité de néonatalogie et du service chirurgical de cet hôpital en fait selon lui « presque un cas d'école ». Compte tenu de « l'émotion ni excessive ni injustifiée » des usagers, il faut « sauver la face à tout le monde » en suspendant la décision de l'ARH « jusqu'en 2004 », afin de se donner du temps à la réflexion et la concertation.
Ayant « toujours privilégié la voie du contrat », Edouard Balladur préconise « une remise à plat des ordonnances Juppé de 1996 afin de les vider de leurs défauts étatiques » et un retour à la maîtrise médicalisée des dépenses de santé (expérimentée par la convention médicale de 1993 lorsqu'il était à Matignon). Il souhaite que les médecins soient représentés au sein des caisses d'assurance-maladie, qui pourraient être mises en concurrence avec des compagnies d'assurance. Cette mise en concurrence est selon lui nécessaire, sinon inévitable : « L'Europe nous pousse l'épée dans les reins, nous Français, plus dirigistes et étatistes que les autres, pour nous réformer ».
Au niveau de sa circonscription, le candidat à la mairie promet, s'il est élu, un « conseil de santé d'arrondissement », où seraient représentés les professionnels médicaux et paramédicaux ainsi que l'ensemble des institutions concernées (hôpitaux, caisse d'assurance-maladie...). Edouard Balladur propose aussi de faciliter la vie quotidienne des associations de médecins, en particulier des réseaux, grâce la création d'une « maison des associations ».
Evoquant les ordonnances Juppé qui ont choqué la majorité des professionnels de santé, le Dr Morange a assuré que « l'opposition a payé le prix de son incapacité à tenir ses promesses. Les leçons ont été tirées ».
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