En 30 ans, la survie des grands brûlés s'est améliorée aux États-Unis… et aussi en France

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Publié le 09/03/2018
gd brules

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Crédit photo : PHANIE

En 30 ans, les chances de survie des grands brûlés se sont considérablement améliorées, selon une étude américaine publiée dans le « Journal of the American College of Surgeons ».

Afin d'évaluer l'impact des progrès de la prise en charge des grands brûlés sur la mortalité, les auteurs ont étudié 10 384 patients, enfants et adultes, nouvellement admis dans des hôpitaux de Galveston aux États-Unis entre 1989 et 2017 (hôpitaux pour enfants Shriners ou unité Blocker Burn). Plusieurs données ont été recueillies à l'admission et à la sortie : âge, pourcentage de la surface corporelle brûlée, présence de lésion due à l'inhalation, durée du séjour et survie.

Une réduction de la mortalité de 2 % par an

Parmi les patients inclus, 355 sont décédés. S'appuyant sur un modèle de régression multiple de la mortalité et en comparaison des prédictions établies par des études précédentes, une diminution significative de la mortalité a été mise en évidence, avec une réduction de 2 % par an sur la période étudiée. De plus, « nos résultats montrent qu'individuellement, le pourcentage de la surface corporelle brûlée et l'âge sont des déterminants plus puissants de la mortalité que les lésions dues à l'inhalation », indiquent les auteurs.

« La réduction de la mortalité au fil du temps peut être attribuée à des changements dans les protocoles de soins dans les centres de traitement des brûlés qui améliorent les perspectives pour les personnes brûlées, incluant les protocoles de prise en charge des lésions dues à l'inhalation, de nutrition, de réanimation et d'excision-greffe précoce », concluent les auteurs.

Le Dr François Ravat, médecin au centre des brûlés de Lyon Pierre Colson et secrétaire général de la Société française de brûlologie en commentaire de cette étude pour « le Quotidien » souligne que « le centre pédiatrique de Galveston est un peu atypique, car ils n'accueillent que des brûlés très graves. L'impact en termes de mortalité est donc plus parlant sur une telle population ».

La situation en France

« Nous constatons également une baisse de la mortalité en France, mais surtout de la morbidité, avec une amélioration de la qualité de la vie », estime le Dr François Ravat. Selon lui, les progrès ont porté sur trois axes : nutrition, protection contre les infections et ventilation.

« Un consensus européen a été établi en 2015 sur la nutrition du brûlé grave afin de répondre aux besoins spécifiques de ces patients et, à l'échelle mondiale, un certain nombre de consensus ont vu le jour sur la prise en charge précoce des brûlures les plus graves », précise-t-il.

Par ailleurs, selon lui, « le syndrome d'inhalation de fumée augmente la mortalité de 30 %. De nouvelles techniques de prise en charge sont développées, comme la ventilation de fréquence, qui n'est pas encore appliquée partout ».

Un retour en arrière dans l'organisation des soins

En plus de ces avancées techniques, le Dr Ravat souligne aussi le rôle essentiel de l'organisation. « La prise en charge des brûlures est une spécialité multidisciplinaire. Nous avons constaté des bénéfices en termes de morbimortalité grâce à une organisation des soins en filières à partir des années 1970-1980. Nous sommes passés de l'hôpital général, qui ne répondait pas à la problématique, à une organisation spécialisée ».

Or, il dénonce aujourd'hui un retour en arrière « pour de mauvaises raisons » : « Au lieu de perfectionner les centres de brûlés, ils sont actuellement démantelés. Il n'y a plus d'unité de lieu. Et ceci, en raison d'un amalgame fait entre "coûteux" et "déficitaire" ». Il ajoute : « Nous nous apercevons que lorsque les brûlés sont pris en charge dans des hôpitaux généraux, ils sortent avec plus de handicaps que lorsqu'ils sont pris en charge dans des filières dédiées ». Il se dit « très inquiet » : « avec ce retour en arrière, nous allons probablement constater une régression en termes de morbimortalité ».


Source : lequotidiendumedecin.fr