D ANS un pays où les autorités ont pris, de longue date, des mesures draconiennes pour éviter tout risque de contamination à l'ESB, l'information a fait sensation : la FDA a découvert récemment que des groupes pharmaceutiques fabriquent des vaccins pour immuniser les nourrissons contre l'hépatite ou la polio avec du tissu bovin susceptible d'être contaminé par l'ESB, au mépris d'une recommandation édictée en 1993.
L'agence, tout en réaffirmant que le bénéfice des vaccins est « bien supérieur » au risque lointain de contracter la variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (nvMCJ), a dressé la liste des groupes pharmaceutiques et des vaccins qu'ils produisent en utilisant des tissus importés de pays touchés par l'épidémie ou de pays non identifiés.
Parmi les produits visés, notamment des vaccins contre la grippe, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et l'hépatite A.
Cinq laboratoires sont à ce jour concernés, qui, selon la FDA, ont tous accepté de changer leurs pratiques en indiquant qu'ils avaient mal interprété les recommandations en la matière.
Utilisés dans la croissance des bactéries
« Le mode de fabrication biologique des vaccins rend nécessaire aujourd'hui l'utilisation de dérivés bovins, explique-t-on à la direction française de SmithKline Beecham. Mais ces dérivés sont utilisés pour la croissance des bactéries de virus et ne sont pas présents en tant qu'ingrédient dans le produit final. »
« Ces dérivés, présents très en amont dans le processus, précise le Dr Robert Sebbag, directeur de la communication monde d'Aventis Pasteur, sont également employés comme excipients protéiques dans le produit fini. En tout état de cause, depuis 1989, les animaux en provenance du Royaume-Uni sont prohibés, le groupe s'approvisionnant exclusivement auprès de quatre pays classés en catégorie 4, c'est-à-dire indemnes du risque d'ESB, selon l'Office international des épizooties, à savoir les Etats-Unis, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. De surcroît, nous n'utilisons que des veaux âgés de moins de 6 mois. »
Chez Aventis-Pasteur, le risque théorique d'une contamination a été estimé à un risque pour quarante milliards de doses, soit, au rythme de vaccination du leader mondial, un cas tous les cinq mille ans.
Néanmoins, les laboratoires travaillent à l'élaboration de protéines végétales ou recombinantes qui se substitueraient aux dérivés bovins, mais, souligne le Dr Sebbag, « il n'y a pas de baguette magique et trois à quatre ans nous seront nécessaires pour élaborer une alternative dont l'antigénicité soit vérifiée ».
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