Gérer ses dossiers et son exercice

Publié le 23/11/2016
La petite souris est passée
Face à l’informatique, les médecins comme les autres citoyens ne sont pas égaux. Les passionnés de high tech, toujours à la pointe des dernières innovations digitales, côtoient ceux qui considèrent matériel et logiciel uniquement comme des outils utiles. Sans compter les plus réfractaires toujours attachés à leurs dossiers « papier ». Aucun ordinateur ne trône alors sur leur bureau et leurs ordonnances sont encore rédigées à la main, au grand dam de leurs patients. « Je suis à deux ans de la retraite et ce n’est pas maintenant que je vais me mettre à l’informatique », explique cette gynécologue.
Si les trois quarts des professionnels de santé seraient aujourd’hui informatisés (plus de 70 % des omnipraticiens (généralistes + médecins à exercice particulier), selon les données 2014 de la CNAM, il en resterait donc 25 % dépourvus d’un poste informatique.
 
Selon le rapport conjoint de l’assurance maladie obligatoire et des complémentaires santé sur les solutions techniques permettant la mise en place du tiers payant généralisé(1), 75 % des professionnels de santé utilisent la télétransmission pour leur activité courante et, parmi eux, la quasi-totalité effectue ces télétransmissions à l’aide du logiciel SESAM-Vitale, qu’il s’agisse ou non de facturation en tiers payant.
Parallèlement, l’usage des logiciels d’aide à la prescription a progressé de 64 % en 2012 à 72 % en 2013 (+ 8 points) pour les médecins généralistes remplissant les prérequis du bloc « organisation » de leur cabinet(2).
 
Apple ou PC
Après avoir décidé de s’équiper, reste à savoir quel matériel choisir. Le clivage entre les Apple et les PC est le même chez les praticiens que chez tout autre citoyen français. « J’ai du mal avec l’informatique, donc, je me suis acheté un Mac », déclare cette pédiatre. « Remplaçante de plusieurs généralistes, je n’évolue que dans un univers PC », précise cette autre médecin généraliste. « Je suis plutôt PC qu’Apple. Mon système informatique est beaucoup trop ancien et commence à donner des signes de faiblesse bien inquiétants. Je sais bien que je dois changer mon matériel. Cependant, je n’ai pas le temps de m’en occuper », souligne, de son côté, un praticien débordé. 
Quelle que soit la solution choisie, des logiciels s’adaptent aux Mac et aux PC. Les quatre principaux utilisés par les médecins sont AxiSanté, Crossway, HelloDoc, Medistory. Ils sont conformes à la convention médicale. Pour les choisir, un médecin peut contacter un conseiller informatique service (CIS) de sa caisse pour l’aider dans l'informatisation de son cabinet.
 
De multiples fonctionnalités
L’équipement et les services sont modulables en fonction des besoins du professionnel de santé. Ils se déclinent diversement :
- la saisie des feuilles de soins électroniques ;
- la sauvegarde et l’archivage des feuilles de soins électroniques dans l’ordinateur ainsi que leur saisie en visite ;
- la visualisation des recettes quotidiennes et/ou le pointage des retours NOEMIE de façon automatisée ;
- la gestion du dossier médical informatisé, avec saisie de données cliniques pour le suivi individuel et de la patientèle ;
- la réception des résultats de laboratoire et la communication avec des confrères par e-mail sécurisé ;
- la prescription d’ordonnances en interaction avec les dossiers patients et/ou une base médicamenteuse certifiée Haute Autorité de santé (Vidal Expert ou Banque Claude Bernard) ;
- la comptabilité libérale.
Autant de services que le médecin peut choisir, ou pas, en fonction de ses besoins. Les offres s’adressent aux médecins libéraux travaillant seuls ou en cabinet multi-praticiens, voire aux maisons médicales.
- mettre à jour son site internet.
- gérer ses rendez-vous patients avec la fonctionnalité de prise de rendez-vous en ligne.
 
Le matériel dans le package ou… pas
Ces éditeurs de logiciels proposent aussi du matériel, aussi bien le PC fixe, l’ordinateur portable que le scanner pour numériser des documents, des solutions de télétransmission carte Vitale et le kit de dictée vocale. Toutefois, les médecins deviennent alors particulièrement captifs.
« Je suis pieds et poings liés avec la société éditrice de mon logiciel d’aide à la prescription AxiSanté, obligé de passer par eux pour changer mon matériel, regrette un médecin parisien. Et, comme client, je redoute de payer plus cher mon ordinateur que si je l’achetais dans une boutique spécialisée ou sur Internet ».
Chez Medistory, leader du logiciel pour les médecins sur Mac avec ses 13 000 utilisateurs, les médecins achètent leur logiciel et ils sont libres de suivre ou pas les évolutions. Des mises à jours mineures gratuites leur sont proposées régulièrement et, tous les quatre ans, des évolutions majeures et payantes, mais pas obligatoires. L’assistance téléphonique est comprise dans le prix. Les médecins s’équipent en matériel où ils le désirent ou par l’intermédiaire du réseau de revendeurs. Si besoin, en cas de changement de matériel et de passage sur Mac, il est possible de récupérer et de reconstituer les données utilisées auparavant sur d’autres logiciels PC, et ce, sans l’accord de l’éditeur précédent. Ce logiciel pour Mac Apple sera très prochainement utilisable également sur iPad.
 
Tiers payant et ROSP en question
La généralisation du tiers payant a été intégrée dans les logiciels, avec une mise à jour de l’outil de facturation. Les médecins peuvent s’adresser à l’assurance maladie, qui a mis en place une plateforme « tiers payant » spécialement pour eux. Ainsi, désormais, les médecins pratiquant le tiers payant assurent un suivi facilité de leurs remboursements des factures tiers payant grâce à leur logiciel de facturation SESAM-Vitale à jour de la fonction « suivi des factures tiers payant ». S’agissant de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), les professionnels peuvent demander au délégué de l'assurance maladie ou au conseiller informatique service de leur caisse, l'état de l'offre proposée par les éditeurs de logiciels et leurs perspectives d'évolution au regard de ces objectifs :
- tenue du dossier médical avec saisie de données cliniques pour le suivi individuel et de la patientèle
- intégration des téléservices de l'assurance maladie : déclaration du médecin traitant, avis d'arrêt de travail, historique des remboursements, protocole de soins électronique
- module d'aide à la prescription certifié Haute Autorité de santé.
- télétransmission selon les spécifications techniques du cahier des charges SESAM-Vitale (1.40), selon le site Ameli(3).


Christine Colmont

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(1) Rapport conjoint de l’assurance maladie obligatoire et des complémentaires santé sur les solutions techniques permettant la mise en place du tiers payant généralisé
prévue par l’art. 83 de la loi de modernisation de notre système de santé, 17 février 2016.
(2) Caisse nationale de l’assurance maladie. « La rémunération sur objectifs de santé publique, deux ans après. Des progrès significatifs en faveur de la qualité et de la pertinence des soins ». 10 avril 2014.
(3) http://www.ameli.fr/professionnels-de-sante/medecins/votre-convention/c…

Source : lequotidiendumedecin.fr