Hémorragie du post partum : 50 ans après sa découverte, l'acide tranéxamique fait ses preuves

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Publié le 27/04/2017
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Crédit photo : PHANIE

L'acide tranéxamique utilisé rapidement dans les 3 heures suivant le début du saignement pourrait réduire d'un tiers les décès maternels dus à une hémorragie du post-partum, selon une étude publiée dans « The Lancet ».

L'hémorragie du post-partum est responsable chaque année de plus 100 000 décès dont 99 % dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. C'est la principale cause de mortalité maternelle dans le monde. Selon les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé OMS), l'acide tranéxamique n'est recommandé qu'en cas d'échec des utérotoniques ou lorsque l'hémorragie est d'origine traumatique.

Dans cette étude WOMAN (World Maternal Antifibrinolytique) 20 000 femmes ont été incluses dans 193 hôpitaux de 21 pays, principalement en Afrique et en Asie mais aussi dans quelques pays européens comme le Royaume-Uni. En cas de saignement après un accouchement par voie basse ou par césarienne, les patientes recevaient soit de l'acide tranéxamique (1 g en IV) soit un placebo en plus du traitement classique. En cas de poursuite du saignement après 30 minutes, ou de reprise dans les 24 heures, une deuxième dose a été administrée.

Découvert il y a 50 ans

Les résultats mettent en évidence une réduction significative du risque de décès dans le groupe de femmes ayant reçu de l'acide tranéxamique par rapport au groupe placebo : 155/10 036 soit 1,5 % contre 191/9 985 soit 1,9 %. Le médicament a été particulièrement efficace lorsqu'il était administré dans les 3 heures suivant le saignement, réduisant les décès d'un tiers (89/7 520 décès chez les femmes traitées soit 1,2 % contre 127/7 408 chez les autres). Les interventions chirurgicales (laparotomies) contre les saignements ont été également moins nombreuses dans le groupe ayant reçu de l'acide tranéxamique que dans le groupe placebo (82/10 032 soit 0,8 % vs 127/9 985 soit 1,3 %). Les décès pour autres causes (embolie pulmonaire, sepsis, éclampsie…) étaient identiques entre les deux groupes.

« Les chercheurs qui ont inventé l'acide tranexamique il y a plus de 50 ans espéraient réduire les décès par hémorragie du post-partum, mais n'avaient pu persuader les obstétriciens à l'époque de mener un essai », commente le Pr Ian Roberts (London School of Hygiene & Tropical Medicine) qui a co-dirigé l'étude. L'étude WOMAN milite en faveur d'une administration d'acide tranexamique dès que possible après la survenue d'un saignement et en même temps que les utérotoniques.

« Nous avons enfin ces résultats qui, nous espérons, vont pouvoir aider à sauver la vie de femmes dans le monde entier », conclut le Pr Ian Roberts. L'acide tranexamique a été découvert par un couple de chercheurs japonais Shosuke et Utako Okamoto dans les années 1950. Leur première publication date de 1962. Utako Okamoto survit à son mari décédé en 2004 mais meurt en avril 2016 avant la fin de la période d'inclusion de l'étude WOMAN.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr