Homéopathie, mésothérapie, acupuncture... des médecins tirent à boulets rouges contre les "Fake Médecines"

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Publié le 19/03/2018
Homéopathie

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Les professionnels de santé à l’assaut des Fake Médecines. Il y a deux semaines, l’UFML-S réclamait un encadrement plus strict des « professions autoproclamées soignantes » dans les MSP. Cette fois-ci, ce sont 124 professionnels de santé qui s’expriment dans une tribune contre les médecines alternatives « sans aucun fondement scientifique ». Un noyau dur de médecins a lancé l’idée avant d'échanger par groupe privé sur Twitter pour arriver à ce texte publié sur le site, lancé hier soir, fakemedecine.blogspot.fr.

Ces médecins dénoncent la complaisance de certaines instances à leur égard. « En 2018, l’Ordre des Médecins tolère des pratiques en désaccord avec son propre code de déontologie et les pouvoirs publics organisent voire participent au financement de certaines de ces pratiques », écrivent-ils.

Parmi les signataires, de nombreux généralistes : les Drs Jean-Jacques Fraslin, Pierre de Bremond d’Ars, Alice Perrain, Philippe Mauboussin ou encore Matthieu Calafiore. « Nous voulons faire prendre conscience à la population générale avec cette tribune que ces " médecines alternatives " ne sont justement pas de la médecine, explique ce dernier. Lorsque nous prescrivons un médicament à un patient, nous faisons peser dans la balance le bénéfice et le risque. Avec l’homéopathie par exemple, nous n’avons pas la possibilité de faire ça ». « Un médicament doit suivre tout un circuit jusqu’à l’AMM, et fort heureusement. On attend de l’Ordre qu’il ait la même exigence pour ces disciplines », ajoute-t-il.

Les signataires rappellent donc l’inefficacité de ces thérapies au-delà de l’effet placebo et mettent en garde contre leur dangerosité. « Il y a un risque de surmédicaliser la population. Notre but n’est pas de mettre de côté ces thérapies pour prescrire plus de médicaments allopathiques, mais au contraire de voir que dans certains cas, la solution n’est pas forcément le traitement et d’essayer de mettre en place autre chose », souligne le Dr Calafiore.

Arrêter de rembourser

Au-delà du risque, la tribune rappelle aussi que ces pratiques sont coûteuses : « des formations sont assurées dans des structures recevant de l’argent public. Des consultations sont ouvertes dans des hôpitaux, aux dépens d’autres services ». L’Assurance maladie rembourse également certains de ces traitements et notamment les produits homéopathiques. « Alors que l’Assurance maladie est déficitaire, on débourse des millions d’euros là-dedans, alors qu’on pourrait repartir autrement cet argent, dans du personnel humain par exemple », estime le Dr Calafiore.

Les signataires de la tribune formulent plusieurs requêtes aux pouvoirs publics. Ils demandent que ne soient plus reconnus les diplômes d’homéopathie, de mésothérapie ou d’acupuncture comme des diplômes ou qualifications médicales. Ils réclament que les médecins ou professionnels de santé qui continuent à les promouvoir ne soient « plus autorisés à faire état de leur titre ».

De même, ils estiment indispensable que les facultés de médecine ou les établissements de formation de santé cessent de délivrer « des diplômes appuyés sur des pratiques dont l’efficacité n’aura pas été scientifiquement démontrée » et que ne soient plus remboursés « les soins, médicaments ou traitements issus de disciplines refusant leur évaluation scientifique rigoureuse ».

Les auteurs de la tribune veulent que tous les soignants soient tenus de « respecter la déontologie de leur profession, en refusant de donner des traitements inutiles ou inefficaces, en proposant des soins en accord avec les recommandations des sociétés savantes et les données les plus récentes de la science, en faisant preuve de pédagogie et d’honnêteté envers leurs patients et en proposant une écoute bienveillante ».

Diffusée dans les médias et sur les réseaux sociaux, la tribune rencontre un certain succès. Ils étaient 124 signataires au départ, ils étaient 543 à la mi-journée.

La riposte des médecins homéopathes

Surpris de cette prise de position, le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) rappelle que des milliers de leurs confrères utilisent l'homéopathie et sont « tout aussi compétents » que les signataires de la tribune « en matière de diagnostic et de prescription médicale, aussi bienveillants envers leurs patients et aussi conscients des limites de leur exercice ».

« Si l'on ne se crispe pas sur la nature diffamatoire de cette attaque, la meilleure attitude pour faire progresser le débat est de nous questionner ensemble : pourquoi notre pratique, dérange-t-elle aussi fortement ceux qui veulent lui dénier toute valeur ? », s'interroge le syndicat présidé par le Dr Charles Bentz.


Source : lequotidiendumedecin.fr