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Inhibiteur du facteur XI : doit encore faire ses preuves !

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Publié le 01/09/2022

Crédit photo : SPL/PHANIE

La nouvelle classe annoncée d'anticoagulants, les inhibiteurs du facteur XI doivent encore faire leurs preuves, c'est l'une des principales conclusions de la dernière édition du congrès de la Société européenne de cardiologie (Barcelone, 26 au 29 août). Les études de phase II menées avec l'asundexian (Bayer) et le milvexian (BMS-Johnson & Johnson) n'ont pas démontré leur efficacité. En dépit de résultats en demi-teinte, le programme de développement est poursuivi. Bayer a ainsi annoncé le lancement d'études de phase III. L'asundexian sera évalué dans la prévention des AVC chez les patients atteints de fibrillation atriale et chez les patients ayant un AIT à haut risque ou un AVC ischémique d'origine non cardioembolique. Ce programme OCEANIC AF et OCEANIC Stroke est d'une grande ampleur. Il devrait au final enrôler jusqu'à 30 000 patients dans plus de 40 pays. Mais pourquoi développer une nouvelle classe alors que les AOD (anticoagulants d'action directe) ont contribué à changer la vie des patients alors sous AVK ? Tout simplement parce que le risque hémorragique et les contre-indications en cas d'insuffisance rénale sévère limitent encore leur prescription. La promesse des inhibiteurs du facteur XI serait de réduire le risque de saignement tout en conservant la même efficacité. Elle repose notamment sur la réduction voire l'absence de saignements spontanés chez les personnes atteintes d'un déficit en facteur XI. Quant à l'asundexian, son élimination urinaire est inférieure à moins de 15 %. L'hypothèse de départ ne serait donc pas ébranlée par les résultats présentés à Barcelone. Les essais de phase II sont conçus en effet pour trouver la bonne dose, non pour confirmer une efficacité. Et les experts de rappeler comment des études de phase III ont dans un passé récent permis de réelles avancées alors que les essais de phase II s'étaient révélés décevants. D'autant plus que l'étude PACIFIC Stroke réalisée avec l'asundexian a révélé des données positives sur la prévention des récidives d'AVC ischémiques alors qu’elle n'avait pas été dimensionnée pour mettre en avant cette efficacité. Quant à l'autre inhibiteur du facteur XI, le milvexian, il a réduit le risque d'AVC ischémique. 

Bref, rien n'est joué avec cette nouvelle classe thérapeutique. D'autant que les espoirs et les enjeux financiers sont considérables. 


Source : lequotidiendumedecin.fr