« Les mots très durs (du pape) sur l'avortement ont fortement ému la communauté médicale française », écrit le Dr Patrick Bouet, président du Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) à Mgr Luigi Ventura, représentant du souverain pontife en France, dans un courrier daté du 11 octobre, que le « Quotidien » a pu consulter.
Le pape François a comparé, lors son audience du 10 octobre sur la place Saint-Pierre, dans une homélie consacrée au commandement biblique « tu ne tueras point », l'acte de l'interruption volontaire de grossesse au recours à un « tueur à gages ». « Est-il juste d'éliminer une vie humaine pour résoudre un problème ? », a-il demandé. « Ce n'est pas juste de se débarrasser d'un être humain, même petit, pour résoudre un problème. C'est comme avoir recours à un tueur à gages pour résoudre un problème », a dit le pape, sortant de son texte prévu.
Le corps médical stigmatisé, estime le CNOM
« Comment ne pas réagir à des termes d'une telle violence, alors que les professionnels de santé ont fait vocation d'écoute, d'aide et de soutien à leurs concitoyennes pour les accompagner dans des moments parfois difficiles de leur vie, et pour leur assurer un accès à l'interruption volontaire de grossesse dans les meilleures conditions possible si elles en expriment le souhait », écrit le Dr Bouet.
« Le CNOM ne peut accepter que l'anathème soit ainsi jeté sur l'ensemble du corps médical, qui s'en retrouve stigmatisé. L'institution ordinale ne peut non plus tolérer que la souffrance physique, psychique et morale vécue par des femmes en détresse, parfois en grande souffrance quand elles ont recours à l'interruption volontaire de grossesse, soit niée », poursuit le président.
« Je perçois aujourd'hui l'émotion et l'incompréhension ressenties par les médecins et les femmes ainsi désignées, et souhaite vous les faire connaître en leur nom », conclut le Dr Bouet à l'adresse de Mgr Ventura.
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