Cancer du sein précoce hormonodépendant

La chimiothérapie évitable chez de nombreuses patientes

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Publié le 19/06/2018
cancer du sein

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Crédit photo : phanie

L'étude TAILORx, publiée dans le New England Journal of Medicine (1), repose sur l’utilisation de l’un des quatre tests de signature génomique, Oncotype DX, qui permet d’analyser 21 gènes tumoraux et ainsi d'estimer, selon un score de 0 à 100 (recurrence score, RS), le risque de récidive à distance à 10 ans. Si au-dessus de 25 le risque de récidive nécessitait jusque-là un traitement par chimiothérapie, en dessous de 10 la patiente en était dispensée (faible risque de rechute). Ainsi, entre 11 et 25, la stratégie thérapeutique restait incertaine. L’essai TAILORx a donc été mis en place pour lever cette incertitude.

Pas de bénéfice à traiter par chimiothérapie chez 70% des patientes concernées

Les 10 273 patientes incluses, âgées de 18 à 75 ans, présentaient un cancer du sein précoce hormonodépendant (RH positif), HER2 négatif et sans atteinte ganglionnaire. 6711 d’entre elles, soit 69%, avaient un score compris entre 11 et 25 et recevaient soit une hormonothérapie seule, soit une association hormonothérapie et chimiothérapie.

« Moitié des cancers du sein sont hormonodépendants, Her2 négatifs et sans ganglions axillaires atteints. Notre étude montre que la chimiothérapie pourrait être évitée chez environ 70% de ces femmes lorsque son utilisation est guidée par le test », explique le Dr Joseph Sparano (Centre anticancéreux Albert Einstein, New York USA).

En effet, après 9 années de suivi, les résultats ont mis en évidence un bénéfice identique dans les deux bras de traitement, en termes de survie sans maladie invasive (IDFS : 83,3 versus 84,3%), de survie sans récidive à distance (DRFI : 94,5 versus 95%) et de survie globale (OS : 93,9 versus 93,8%).

Quand éviter la chimiothérapie ?

Si l’ajout de la chimiothérapie à l’hormonothérapie n’apporte globalement pas de bénéfice, il s’avère néanmoins intéressant chez les femmes de 50 ans ou moins avec un score de risque compris entre 16 et 25. Dans ce sous-groupe de patientes, la chimiothérapie est bénéfique.

Cet essai a également permis de confirmer le faible taux de rechute (3%) chez les patientes avec un score inférieur à 10 (sous hormonothérapie seule), et à l’opposé d’observer un taux de rechute à distance de 13% chez les femmes avec un score supérieur à 25 (malgré un traitement associant chimiothérapie et hormonothérapie).

Ainsi, pour les femmes avec des récepteurs hormonaux positifs, Her2 négatives et sans atteinte ganglionnaire, la chimiothérapie serait évitable :

- Chez les patientes de plus de 50 ans avec un score de risque de rechute compris entre 0 et 25, soit environ 85% des femmes de cette tranche d’âge atteintes de cancer du sein ;

- Chez celles de 50 ans ou moins présentant un score de 0 à 15, soit environ 40% des femmes de cette tranche d’âge avec un cancer du sein.

D’après la présentation orale du Dr Joseph Sparano en session plénière, congrès ASCO 3 juin 2018
(1) https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa1804710

Karelle Goutorbe

Source : lequotidiendumedecin.fr