Risque cardio-vasculaire

La dépression, peut-être un facteur d’inflammation

Publié le 11/01/2012
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QUEL EST LE LIEN unissant dépression et inflammation ? Une étude publiée dans « Biological Psychiatry », montre que des épisodes répétés de dépression sont prédictifs d’une élévation ultérieure de la CRP (protéine C réactive) et non l’inverse. Selon les auteurs, les risques de maladies cardiovasculaires ou métaboliques aux âges moyens de la vie pourraient débuter dans l’enfance, étant en partie en relation avec le fonctionnement émotionnel à long terme.

Un débat important court actuellement dans le champ de la psychiatrie. Son objet est : une inflammation peut-elle être une origine ou une conséquence d’une dépression majeure ? William Copeland et coll. (Duke University) ont tenté d’y apporter une réponse.

L’inflammation est un facteur commun à de nombreux états pathologiques, tels que la maladie coronaire ou le diabète. La dépression a été liée au marqueur de l’inflammation circulant qui est le taux de protéine C réactive (CRP).

Copeland et coll. ont recherché la nature de l‘association entre dépression et CRP dans un échantillon de population formé d’adolescents (9 à 16 ans) et de jeunes adultes (19 à 21 ans) volontaires. Les enfants ont été suivis jusqu’à l’âge adulte. Dans le cadre de l’étude « Great Smoky Mountain Study » (n = 1 420), on a évalué les modifications de la CRP au cours du temps et surveillé les symptômes ou les épisodes dépressifs.

Au total, les résultats montrent que les taux élevés de CRP ne sont pas prédictifs d’une dépression ultérieure. Mais que le nombre cumulé des épisodes dépressifs est associé à des taux accrus de CRP.

« Nos résultats sont en faveur d’une voie selon laquelle la dépression de l’enfance pourrait favoriser une élévation de la CRP, même après prise en compte des autres comportements qui sont connus pour influer sur l’inflammation (IMC, tabagisme, infections, médicaments). Nous ne trouvons pas d’éléments en faveur d’une voie partant du CRP qui augmenterait le risque de dépression », écrit Copeland.

Les taux les plus élevés de CRP sont trouvés chez ceux qui ont enduré de multiples épisodes dépressifs. Les auteurs forment une hypothèse : « Il est possible qu’une détresse émotionnelle à long terme, avec début dans l’enfance, pourrait donner un fondement à un processus inflammatoire conduisant plus tard à des maladies cardiovasculaires ou à un diabète ».

La dépression est un trouble récurrent chez beaucoup de personnes. De ce fait, l’observation selon laquelle des épisodes répétés de dépression contribuent à l’inflammation fait souligner l’intérêt de traiter les épisodes de dépression. Une négligence peut être à l’origine de tout un panel de maladies, insiste un commentateur de « Biological Psychiatry ».

Biological Psychiatry, volume 71, n° 1, janvier 2012.

 Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9063