La face biologique du mensonge

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Publié le 27/10/2016
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Quel est le mécanisme neuronal à l'œuvre dans le mensonge ? Telle est la question que se sont posée les chercheurs dont l'étude* vient d'être publiée dans la revue « Nature ». Leur réponse ? Un comportement malhonnête s'accroît à mesure qu'il se répète. Plus on ment et plus c'est facile de mentir : un effet « boule de neige » biologique est à l'œuvre.

La démonstration est expérimentale : les cerveaux des sujets-menteurs de l'étude sont passés à l'IRM fonctionnelle, laquelle a montré que, au premier mensonge proféré, l'amygdale cérébrale produit un sentiment négatif limitant l'ampleur du bobard mais qu'à chaque nouvelle craque, la réponse de l'amygdale décline et le mensonge devient plus gros.

« Ce qui démarre avec des petits actes de malhonnêteté peut dégénérer en transgressions plus importantes », décryptent les chercheurs. Un mécanisme biologique de « pente glissante » se dessine.

Pour Neil Garret, co-auteur de l'étude, ces résultats confortent l'idée que l'amygdale pourrait « réagir à des actes que nous considérons mauvais ou immoraux ». Et ils ouvrent des perspectives : « Nous avons, explique-t-il, testé uniquement les comportements malhonnêtes dans cette expérience. Mais le même principe pourrait s'appliquer à d'autres processus d'escalade, comme les comportements à risque et violents. »

* Neil Garrett, Stephanie C. Lazzaro, Dan Ariely et Tali Sharot, « The brain adapts to dishonesty »

K. P.

Source : Le Quotidien du médecin: 9529