LES FRACTURES du poignet, comme celles du col fémoral et des vertèbres, sont liées à l’ostéoporose (1). En effet, les fractures qui surviennent chez les femmes de plus de 60 ans sont liées à un abaissement de la densité minérale osseuse et peuvent ainsi être considérées comme des fractures ostéoporotiques.
La masse osseuse diminue inexorablement avec l’âge. En raison de la privation hormonale post-ménopausique, l’ostéoporose est deux à trois fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme, qu’elle n’épargne toutefois pas mais chez qui elle survient plus tardivement. En France, au-delà de 50 ans, l’ostéoporose atteint ainsi 1 femme sur 4 et 1 homme sur 8. Son incidence augmente de façon continue avec l’âge dans les deux sexes. Sa prévalence atteint près de 60 % après 80 ans chez la femme.
Des conséquences à long terme.
En l’absence de prévention efficace, 4 femmes sur 10 auront au moins d’une fracture ostéoporotique majeure avant la fin de leur vie. L’incidence de ces fractures, provoquées le plus souvent par un traumatisme modéré comme une chute de sa hauteur, augmente avec l’âge chez l’homme comme chez la femme.
Douleurs, handicap dans la vie quotidienne, diminution de taille, déformation de la silhouette, perte de l’autonomie, altération de la qualité de vie : chez les sujets âgés, les conséquences de ces fractures ostéoporotiques sont nombreuses.
Les fractures du poignet sont donc relativement fréquentes chez les femmes. Mais, contrairement aux fractures du col du fémur qui surviennent généralement chez les femmes de plus de 75 ans, celles du poignet sont observées principalement chez des femmes de moins de 75 ans, le plus souvent en bonne santé, actives et autonomes.
Une étude très récente montre qu’elles peuvent avoir des conséquences à long terme sur la vie quotidienne (2). Ce travail a été réalisé chez 6 107 femmes de plus de 65 ans. La durée du suivi a été de près de huit ans. L’incidence des fractures du poignet a été de 268 au cours de cette période.
Les critères de jugement des conséquences de ces fractures ont été fonctionnels : capacité à préparer les repas, possibilité d’effectuer les tâches ménagères, aptitude à monter dix marches, à faire des achats ou à conduire un véhicule. Les auteurs ont distingué la gêne transitoire de celle qui était durable, après réparation de la fracture. Le risque d’incapacité cliniquement significative est apparu augmenté de 48 % en cas de fracture du poignet (odds ratio 1, 48, intervalle de confiance à 95 % : 1,04 -2,12), même après ajustement pour les facteurs confondants comme l’âge, l’indice de masse corporelle, l’état de santé, l’état fonctionnel à l’inclusion dans l’essai, le mode de vie, les comorbidités et l’état neuromusculaire.
La prévention s’impose.
Ainsi, le risque de dégradation fonctionnelle durable après fracture du poignet est significatif. Il implique une prise en charge précoce de l’ostéoporose. Les données de la littérature ne permettent actuellement pas de faire un choix parmi les options thérapeutiques disponibles (3). La prévention des fractures ostéoporotiques est donc essentielle. Chez les personnes âgées, elle est fondée sur une prévention des chutes et sur des mesures hygiéno-diététiques. L’association de calcium et de vitamine D est nécessaire pour compenser un déficit, notamment chez les plus âgés. Le traitement médicamenteux, enfin, a pour objectif de corriger la fragilité osseuse. Il est discuté en fonction de l’âge, de l’existence d’une fracture, du résultat de la densitométrie et du nombre de facteurs de risque de fracture associés. Les SERM (Selective Estrogen Receptor Modulator) n’étant pas utilisés chez les sujets âgés, ce traitement est fondé sur les bisphosphonates, le ranélate de strontium et/ou le tériparatide.
Références
(1) Dargent-Molina P. Aspects épidémiologiques des fractures ostéoporotiques. Cah Année Gérontol 2009 ; 1 (3) : 164-71.
(2) Edwards BJ, et coll. Functional decline after incident wrist fractures - Study of osteoporotic fractures: prospective cohort study. Br Med J 2010 ; 341 : c3324.
(3) Handoll HH, et coll. Rehabilitation for distal radial fractures in adults. Cochrane Database Syst Rev 2006 ; 3 : CD003324.
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