La maladie cœliaque : mise au point sur une pathologie sous-diagnostiquée

Publié le 17/02/2016
Pas de GlutenDepuis une vingtaine d’années, la perception de la maladie cœliaque (MC) a changé, évoluant d’une entéropathie plutôt rare à une maladie commune à forte prédisposition génétique, qui affecte de multiples organes (1). Son diagnostic a également progressé grâce à la mise à disposition de dosages sanguins d’anticorps spécifiques, principalement les anticorps anti-transglutaminase tissulaires de type 2 (1). Thermo Fisher Scientific, en collaboration avec l’Association Française Des Intolérants au Gluten (AFDIAG), a élaboré un quiz qui aborde les principales questions à se poser à propos de la MC, dont les résultats sont commentés ici.


Maladie cœliaque (MC) : de quoi parle-t-on ?

La MC est une entéropathie inflammatoire chronique auto-immune provoquée par la gliadine du gluten (2), chez des sujets génétiquement prédisposés (1) (98 % de bonnes réponses). Si plus de 95 % des patients sont HLA-DQ2 et/ou HLA-DQ8 (1). Des résultats négatifs pour ces deux typages HLA rendent improbable, voire excluent le diagnostic de MC (1).

La MC survient chez environ 1 % de la population mondiale (3) (61 % de bonnes réponses) et sa prévalence semble augmenter (4), entre autres grâce à une meilleure connaissance des manifestations de la maladie et à la mise à disposition de tests sérologiques hautement sensibles et spécifiques (4).

[[asset:image:4586 {"mode":"small","align":"right","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]

Elle se traduit différemment chez les enfants et les adultes, les manifestations cliniques tendant à diminuer avec le vieillissement (5). Chez les enfants, les symptômes les plus fréquemment retrouvés sont des douleurs abdominales récurrentes, une diarrhée – particulièrement chez les enfants de moins de 2 ans – et des retards de croissance (3). Des lésions de l’émail dentaire et des aphtoses buccales récidivantes sont plus fréquentes chez les enfants atteints de MC (6). La plupart des adultes ayant une MC n’ont pas de diarrhée, mais des symptômes « atypiques ou extra-digestifs » tels qu’une anémie, une ostéoporose, une dermatite herpétiforme, des douleurs abdominales, des troubles neurologiques ou psychiatriques (3). La figure 1 présente les réponses des médecins.


Quelle place pour les tests sérologiques spécifiques ?

[[asset:image:4561 {"mode":"small","align":"right","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]
En cas de suspicion de MC, il convient de pratiquer un dosage sanguin des anticorps anti-transglutaminase IgA en première intention (69 % de bonnes réponses) (7, 8). En cas de négativité, il faut rechercher un déficit en IgA (dosage des IgA totales – 25 % de bonnes réponses) (7). L’absence de déficit en IgA entraîne la recherche d’un autre diagnostic ; sa présence, le dosage d’anticorps anti-transglutaminase IgG, voire la recherche d'anticorps anti-endomysium IgG (7).
Lorsque les tests sérologiques sont positifs, une biopsie de l’intestin grêle est indiquée. L’absence de lésion de la muqueuse intestinale entraîne la recherche d’un autre diagnostic (figure 2) (7)

Seule la biopsie permet de confirmer le diagnostic et de commencer le régime sans gluten (7). La diminution jusqu'à disparition des anticorps anti-transglutaminase tissulaire (60 % de bonnes réponses) après 6 à 12 mois de régime sans gluten permet un suivi de la bonne observance du traitement et permet d’encourager le patient à poursuivre son régime (2, 7).

De l’importance de ne pas passer à côté du diagnostic

[[asset:image:4591 {"mode":"small","align":"right","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]Chez l’adulte, la prévalence des pathologies potentiellement associées à une MC est estimée à 30,1 % (20,7 % chez l’enfant) (9). Les plus fréquentes sont les maladies auto-immunes dont la survenue augmente avec l’âge du patient au moment du diagnostic (9). Connaître ces associations potentielles permet de faire le diagnostic de MC chez un nombre non négligeable d’adultes et d’enfants, ayant pour seule manifestation la maladie associée (9). La figure 3 présente les réponses des médecins.

Parmi les conséquences à long terme d’une MC non diagnostiquée ou non prise en charge, l’ostéoporose est la plus fréquente (76 % de bonnes réponses) ; le risque de survenue de cancers est augmenté (64 % de bonnes réponses) (10) ainsi que le risque de décès d’origine cardio-vasculaire (26 % de bonnes réponses) (11). Enfin, comparativement aux femmes de la population générale, les femmes ayant une MC ont plus d’avortements spontanés et d’accouchements prématurés (30 % de bonnes réponses) (12).
 
Quelques repères nutritionnels

En cas de MC, le quinoa et le sorgho peuvent être consommés ; les autres céréales sont interdites (13) (figure 4). Enfin, 18 % des médecins savent que les produits sans gluten sont remboursés à 60 % par la Sécurité sociale. 
Réponse à la question : Quelles céréales ou pseudo-céréales peuvent être consommées ?

Pour conclure, les résultats de ce quiz nous informent sur la nécessité de mieux former les médecins à la maladie cœliaque et à sa prise en charge.
 

Références :
1. Husby S et al. European Society for Pediatric Gastroenterology, Hepatology, and Nutrition guidelines for the diagnosis of coeliac disease. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2012 ; 54 : 136-60.
2. Haute Autorité de santé. Recherche d’autoanticorps : diagnostic et suivi de la maladie cœliaque et suivi de l’observance du régime sans gluten. 1-18. HAS, janvier 2007.
3. Lebwohl B et al. Celiac disease and non-celiac gluten sensitivity. BMJ 2015 ; 351 : h4347-60.
4. Ludvigsson JF et al. Screening for celiac disease in the general population and in high-risk groups. United European Gastroenterol 2015 ; 3 : 106-20.
5. Vivas S et al. Age-related differences in celiac disease : Specific characteristics of adult presentation. World J Gastrointest Pharmacol Ther 2015 ; 6 : 207-12.
6. Cantekin K et al. Presence and distribution of dental enamel defects, recurrent aphthous lesions and dental caries in children with celiac disease. Pak J Med Sci 2015 ; 31 : 606-9.
7. Haute Autorité de santé. Quelles recherches d’anticorps prescrire dans la maladie cœliaque ? 1-2. HAS, mise à jour juin 2008.
8. Olives JP. Maladie cœliaque ou intolérance au gluten : de quoi parle-t-on ? Comment diagnostiquer? AFDIAG www.afdiag.fr
9. Ciccocioppo R et al. The spectrum of differences between childhood and adulthood celiac disease. Nutrients 2015 ; 7 : 8733-51.
10. Internal Clinical Guidelines Team. Coeliac Disease : Recognition, assessment and management. Clinical Guideline NG20, Methods, evidence and recommendations September 2015. Final version commissioned by the National Institute for Health and Care Excellence.
11. Lebwohl B et al. Mucosal healing and the risk of ischemic heart disease or atrial fibrillation in patients with celiac disease ; a population-based study. PLoS One 2015 ; 10 : e0117529.
12. Moleski SM et al. Increased rates of pregnancy complications in women with celiac disease. Ann Gastroenterol 2015 ; 28 : 236-40.
13. AFDIAG. http://www.afdiag.fr/dietetique/generalites/


 
Publi-rédactionnel rédigé par le Quotidien du Médecin pour Thermo Fisher Scientific.

Source : lequotidiendumedecin.fr