La méditation transcendantale, un outil efficace de la prise en charge du stress post-traumatique

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Publié le 19/11/2018
troubles psychiques post-traumatiques

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Crédit photo : AFP

On estime que 14 % des vétérans américains sont en état de stress post-traumatique (ESPT) à leur retour d'opérations extérieures comme l'Irak ou l'Afghanistan. En France, on comptait entre 2010 à 2016 environ 320 militaires concernés par des troubles psychiques post-traumatiques. Un chiffre qui a baissé en 2017, avec 180 militaires concernés, selon le centre d'épidémiologie et de santé publique des armées.

Afin de diversifier les approches thérapeutiques de ces militaires atteints d'ESPT, plusieurs équipes s'intéressent à des approches non centrées sur le traumatisme, comme la méditation transcendantale. Cette dernière serait aussi efficace que les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) classiques, principalement articulées sur le protocole d'exposition prolongée, qui consiste à provoquer une réactivation régulière des souvenirs dans le cadre des séances d'exposition.

12 séances et des exercices à la maison

C'est d'ailleurs à ce protocole d'exposition prolongée que la méditation a été comparée par les médecins du département des vétérans du système de santé de Californie dans le cadre d'une étude de non-infériorité menée sur 203 vétérans en état de stress post-traumatique. Ce groupe de vétérans a été divisé en 3 groupes, un groupe de 68 vétérans à qui l'on a enseigné des techniques de méditation transcendantale, un autre groupe de 68 vétérans soumis à un protocole d'exposition prolongée et un dernier groupe de 67 vétérans soumis à un programme d'éducation autour de l'état de stress post-traumatique.

Ces trois stratégies comprenaient 12 séances, réparties sur 12 semaines, accompagnées d'exercices quotidiens à domiciles. Dans le groupe méditation, ces exercices consistaient en 2 séances de 20 minutes par jour. Leur efficacité a été objectivée par les résultats à un questionnaire CAPS (Clinician Administred PTSD Scale) réalisé lors de l'inclusion dans l'étude et un autre fait 3 mois plus tard. Les médecins, auteurs de l'étude, ont estimé qu'une diminution de 10 points du score moyen entre les 2 questionnaires était le minimum à atteindre pour juger que la stratégie adoptée fonctionne. Le score était significativement diminué de 16,1 points dans le groupe méditation transcendantale, de 11,1 points dans le groupe sous thérapie d'exposition prolongée et de 2,5 points chez les patients du groupe éducation thérapeutique.

La méditation transcendantale était donc non inférieure à la thérapie cognitivo- comportementale, et toutes deux étaient significativement supérieures à l'éducation thérapeutique. Ce résultat se vérifie pour le score de dépression. Par ailleurs, les séances de méditation étaient suivies avec plus d'assiduité (82 % de patients ont suivi au moins 8 séances) que les séances de thérapie d'exposition prolongée (62 % de patients ont suivi au moins 8 séances) et que celles d'éducation thérapeutique (68 %). Les auteurs insistent toutefois sur une limitation importante de l'étude : son suivi de faible durée qui ne permet pas de savoir si les bénéfices observés sont durables dans le temps

Une approche également étudiée en France

Le médecin en chef Laurent, coordinateur national du soutien médicopsychologique des armées, estime que la méditation peut faire partie d'une « prise en charge globale qui intègre le soin, mais aussi les rapports du militaire avec l'institution militaire et la prise en charge des familles. Aujourd'hui, il n'y a pas une thérapie médicamenteuse ou psychothérapeutique qui a fait preuve dans tous les cas de figure, il faut s'adapter, Explique-t-il au « Quotidien ». On utilise des thérapies psychothérapeutiques, des thérapies cognitivo-comportementales ou encore de la thérapie par le sport. »

En France, une étude est en cours, au sein de l'Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA) pour évaluer l'intérêt de la médication pleine conscience, supervisée par Marion Trousselard, chercheur en neurophysiologie du stress.


Source : lequotidiendumedecin.fr