« Le tatouage a, ces temps derniers, conquis la Belgique et nous avons à Paris même des gens qui exercent la profession de tatoueur et qui en vivent
Tous les habitués des cabarets de Grenelle connaissent le père Tible, un ancien soldat d’Afrique qui s’intitule élégamment « graveur sur peau humaine ». Il semble qu’il trouve suffisamment de clientèle dans ce quartier populaire car il ne le quitte guère, allant de café en café faire ses offres et opérant tout de suite, une petite toile cirée portant le dessin, comme celles dont on se sert pour les broderies, un stylet spécial et un enduit de “sa composition” constituent tout son attirail.
Pour allécher il montre volontiers son bras gauche où l’on voit grave de haut en bas les portraits de tous les présidents de la République depuis M. Thiers jusqu’à M. Loubet ; à peine reste-t-il une petite place sur le poignet pour le successeur du président actuel… Les habitants de Grenelle qui ont eu la faveur de contempler le corps entier du père Tible assurent qu’il porte toute l’histoire de France en images… Il y a Charlemagne, Henri IV, Jeanne d’Arc, Louis XIV, Robespierre, Napoléon, Gambetta, etc., avec des ornements divers : écussons, faisceaux, trophées. Au milieu de la poitrine, le père Tible s’est mémé gravé multicolorément la Légion d’honneur.
Une ancre et un dragon sur le bras du roi Édouard
En Angleterre, il est actuellement très chic, mais là tout ce qu’il y a de plus chic, de se faire tatouer ! Depuis le roi Édouard, qui porte sur le bras droit un dragon et une ancre, jusqu’à la comédienne bien connue, miss Ellen Terry, en passant par lady Randolph Churchill, tout ce qui chez nos voisins possède à un degré quelconque une notoriété mondaine illustre son épiderme selon l’art en l’honneur chez les Polynésiens.
Il n’en a pas fallu d’avantage pour que certains de nos jeunes clubmen les plus en évidence aient discuté la question de savoir s’il convenait d’emboîter le pas, sous ce rapport, aux Anglais les plus illustres et de se couvrir le corps de toutes sortes de figures et d’épisodes plus ou moins emblématiques. Mais les apôtres du tatouage, d’ailleurs fort peu nombreux, rencontrent, à ce qu’on assure, dans leur milieu, une opposition formidable et n’ont aucune chance de voir leur initiative couronnée de succès. C’est désolant vraiment. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature