La moitié des psychiatres seraient en burn-out ou fragilisés

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Publié le 25/01/2018

La moitié des psychiatres seraient en burn-out ou vulnérables au burn-out, selon une enquête présentée en ouverture de l'Encéphale, ce 24 janvier, et conduite auprès de 820 médecins inscrits à ce congrès, dont 683 en France. 

Le burn-out, dont l'entité nosographique est discutable et discutée notamment par l'Académie de médecine, mais qui fait néanmoins l'objet de recommandations de la Haute autorité de santé, a été mesuré à l'aide de l'autoquestionnaire de Copenhague (Burn-out). Ont été sondés l'épuisement personnel, professionnel, et relationnel avec les patients. 

Plus d'un tiers des psychiatres sont vulnérables au burn-out, rapporte Philippe Nuss (hôpital Sant-Antoine, AP-HP), 14 % d'entre eux présentent les critères d'un burn-out personnel, 12 % professionnel. Seulement 2 % l'attribuent aux relations avec les patients. « L'épuisement est majoritairement personnel et professionnel », commente le Dr Nuss. « Près de 66 % d'entre nous se disent épuisés, et 89 % frustrés : le problème n'est pas notre cœur de métier mais les conditions de travail, la surcharge administrative, la demande sociétale… Son augmentation est le signe d'une destigmatisation du recours à la psychiatrie, et l'on peut s'en réjouir mais, dans dix ans, nous serons 30 % de moins », avertit le Dr David Gourion.   

Stress, demandes sociétales et institutionnelles, paperasse en cause

Les psychiatres en souffrance disent vivre très fréquemment des situations angoissantes, et la majorité (80 %) perçoivent leur contexte professionnel comme extrêmement stressant. Plus que leurs pairs, ils se sentent débordés par l'explosion des demandes sociétales à l'égard de leur discipline, et les évolutions des recommandations. 

Le malaise concerne tous les âges : 7 % des psychiatres vulnérables sont internes, 25 % travaillent depuis 5 ans, et 35 % ont plus de 20 ans d'exercice. Les jeunes femmes, qui investissent fortement leur travail à l'hôpital, sont surreprésentées dans l'épuisement personnel. 

Le burn-out est plus prononcé chez les praticiens hospitaliers et les chefs de cliniques, mais il n'épargne pas les chefs de service et PU-PH, qui représentent 30 % des psychiatres en souffrance. Des heures de travail élevées et assurer plus de cinq gardes par mois semblent avoir un effet négatif. 

« Ce n'est pas tant une photographie exacte du paysage de la psychiatrie qu'une invitation à libérer la parole », a conclu le Dr Nuss. 

Des internes confrontés à la violence  

Une seconde enquête, présentée par Mélanie Trichanh de l'Association française fédérative des étudiants en psychiatrie (AFFEP), a mis en lumière la prégnance de la violence dans le quotidien des internes en psychiatrie. Les résultats préliminaires, à partir de 382 réponses, montrent que 85 % des internes ont déjà été témoins directs d'une situation de violence au cours de leur internat et plus de 50 % déclarent en avoir été victimes. Il s'agit majoritairement de violence verbale et physique, mais aussi sexuelle dans 1,1 %. 

Si les auteurs sont dans la plupart des cas des patients ou leur famille, 12,6 % des cas de violence proviennent des autres soignants.

Selon Mélanie Trichanh, l'hôpital pourrait se montrer plus protecteur à l'égard des internes : plus de 10 % des internes disent avoir dû faire face seuls à la situation, 7 % déclarent ne s'être pas sentis soutenus par leur hiérarchie, et dans près plus de 60 % des cas, l'incident n'a pas été repris en réunion d'équipe. Regrettable, estime-t-elle, car ces épisodes peuvent peser sur la poursuite de l'internat. 


Source : lequotidiendumedecin.fr