CONGRES HEBDO
L ES effets bénéfiques de la neurostimulation électrique transcutanée (NSTC) sont reconnus depuis longtemps, même si, comme toutes les méthodes de physiothérapie, elle n'a pas fait l'objet d'études randomisées en double aveugle versus placebo, en raison des modalités techniques particulières de son application. La NSTC modifie la conduction et la transmission de l'influx nerveux : en activant les fibres cutanées de gros calibre, elle bloque la transmission des messages nociceptifs au niveau de la corne postérieure de la moelle.
Il existe deux types de neurostimulation transcutanée : la NSTC de type conventionnel, qui délivre des courants de fréquence élevée (de 60 à 100 Hz) et de faible intensité, et la stimulation transcutanée de type électro-acupunctural, qui applique des courants de fréquence basse (de 3 à 5 Hz) et d'intensité élevée.
Avec la stimulation transcutanée classique, on essaie de provoquer un masquage de la douleur en produisant des paresthésies dans la zone douloureuse ; cet effet peut être obtenu en stimulant directement la région algique, si celle-ci conserve une sensibilité, ou bien le tronc nerveux qui assure l'innervation de la région. En cas de lésion du nerf, les électrodes sont placées en amont de la lésion ou, à défaut, dans la zone métamérique correspondant aux racines du nerf lésé.
La diminution de la douleur survient habituellement peu de temps après l'application de la stimulation électrique et ne dure pas ou peu au-delà de son arrêt.
La stimulation électro-acupuncturale est appliquée en regard de régions musculaires ; le myotome stimulé doit correspondre à la zone douloureuse ou, à défaut, en être proche. Cette stimulation, qui provoque des contractions musculaires, recrute des fibres sensitives musculaires dont l'activation induira des mécanismes analgésiques centraux. Avec cette technique, l'hypoalgésie apparaît environ quinze minutes après la stimulation et peut persister plusieurs heures après son interruption ; elle concerne le métamère stimulé et, à un degré moindre, des métamères plus distants.
La pratique montre que la NSTC permet de soulager certaines algies chroniques ; les résultats les plus probants sont observés dans le traitement symptomatique des douleurs de type neuropathique, dues à une désafférentation sensitive secondaire à une lésion nerveuse (tronc ou racine). Son efficacité s'observe plus particulièrement vis-à-vis des douleurs continues à type de brûlure, rongement, déchirement siégeant dans un territoire peu étendu (pas d'atteinte plexique pluriradiculaire ou pluritronculaire).
En revanche, elle n'apporte pas de bénéfice dans les douleurs paroxystiques et intermittentes, à type de décharge électrique, spontanées ou engendrées au niveau des névromes. En dehors des douleurs neuropathiques de désafférentation sensitive, la neurostimulation transcutanée peut également proposée pour - les douleurs postopératoires où des électrodes stériles sont en général placées de part et d'autre de l'incision ; - les douleurs de tendinites, de capsulites, voire d'algoneurodystrophies ; - les lombalgies ou cervicalgies chroniques ou les douleurs myofasciales. D'une manière générale, les douleurs erratiques, mal localisées ou à horaire très fluctuant, ne constituent pas une bonne indication de la neurostimulation, qui ne sera jamais proposée à un patient porteur d'un pacemaker.
Une période d'apprentissage
Quelle que soit la stimulation électrique utilisée, elle doit être appliquée par le patient lui-même, habituellement deux à trois fois par jour après une période « d'apprentissage » d'environ une semaine auprès du médecin prescripteur ; cette période permet de déterminer au mieux les localisations des électrodes, la durée et la fréquence des séances de stimulation. Le choix des patients susceptibles de bien comprendre l'utilisation du matériel et d'interpréter correctement les modifications de leurs perceptions est déterminant dans la réussite du traitement.
Dans la stimulation des douleurs nerveuses utilisant la stimulation électrique classique, les séances durent, initialement, environ deux heures et sont renouvelées plusieurs fois par jour ; une fois la douleur correctement contrôlée pendant un mois, une réduction de la durée et de la fréquence des séances de stimulation sera progressivement entreprise.
Les douleurs myofasciales et les douleurs faisant appel à la stimulation acupuncturale sont, elles, traitées par des séances de quinze à vingt minutes, deux à trois fois par jour.
D'après un entretien avec le Dr Jean Bruxelle, hôpital Cochin (Paris).
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