L'EVENTUELLE désignation par Elisabeth Guigou du Pr Bernard Glorion, actuel président du Conseil national de l'Ordre, parmi les personnalités extérieures chargées d'une « mission de concertation » avec les professionnels de santé libéraux, soulève des critiques dans les syndicats de médecins.
Car, si l'homme peut se prévaloir de représenter tous les praticiens, s'il est certainement un de ceux qui analyse le plus justement les évolutions nécessaires d'une pratique médicale soumise aux impératifs économiques et à l'exigence d'évaluation et si, enfin, son sens du dialogue est reconnu, les syndicats de médecins libéraux comprennent mal qu'un ancien hospitalier, président en exercice de l'institution ordinale, dessiner une réforme qui touchera le cœur même de l'exercice professionnel en ville (du mode de régulation des dépenses au contenu de la convention médicale).
Les syndicats sont d'ailleurs toujours prompts à étriller les initiatives de l'Ordre qui débordent le strict champ de l'éthique médicale, comme en témoigne la vague de protestations qui a accompagné le projet de remplacement de la carte ordinale (« le Quotidien » du 7 décembre 2000).
« Confusion des genres »
« Nous ne voulons pas faire de procès d'intention à son égard, précise le Dr Michel Chassang, président de l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF), premier syndicat de généralistes. Nous n'avons aucune réticence sur le personnage ni sur l'homme. Toutefois, nous faisons deux observations : d'une part, c'est un hospitalier, universitaire, alors qu'il s'agit de parler des problèmes de la médecine de ville et, d'autre part, on prend un représentant de l'Ordre des médecins pour parler des problèmes d'exercice professionnel qui ne relèvent pas de sa mission, car ils ne regardent que les syndicats. » Pour le Dr Chassang, il y aurait là « un risque de confusion des genres ».
Le Dr Dino Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux (SML) se montre encore plus réticent. « J'ai tendance à le récuser car il est beaucoup trop impliqué et concerné en tant que président de l'Ordre qui attend une réforme (de l'institution ordinale) depuis longtemps. Il n'est finalement pas plus indépendant que le serait Richard Bouton (ancien président de MG-France) , Claude Maffioli (président de la Confédération des syndicats médicaux français) ou moi-même ! Ou alors, il faudrait qu'il abandonne immédiatement ses responsabilités ordinales. Mais il ne peut pas être juge et partie. »
Une analyse que partage également le Dr Jean Gras, président de la Fédération des médecins de France (FMF), pour qui le Pr Glorion « ne correspond pas au profil recherché d'expert indépendant ». Pour le Dr Jean Gabriel Brun président de l'Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français (UCCSF), le président de l'Ordre « évolue trop sous l'influence du ministère ».
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