REFERENCE
I. PEAU ET ALCOOL
Peau, poils, ongles, muqueuses
La peau de l'alcoolique est souvent modifiée tant sur le plan clinique qu'histologique, et on observe également des anomalies des cheveux, de la pilosité, des ongles et de la muqueuse buccale. Certaines affections dermatologiques sont directement provoquées par l'ingestion d'alcool : c'est le cas des flushs apparaissant dans les minutes suivant l'ingestion d'alcool et durant une ou deux heures, parfois associés à des nausées, des céphalées, des vertiges ; ils peuvent être favorisés par un déficit de l'aldéhyde déshydrogénase, particulièrement fréquent chez les Asiatiques, ou par la prise de certains médicaments (disulfirame, métronidazole, griséofulvine, céphalosporines). Ces flushs répétés peuvent être responsables des télangiectasies faciales avec hyperhémie conjonctivale, de rosacée, de rhinophyma.
Urticaire, angio-dème
D'autres affections induites par l'alcool, comme l'urticaire et/ou l'angio-dème, peuvent être associées à des manifestations respiratoires et digestives et même à un choc anaphylactique. Il est assez difficile de déterminer les substances en cause étant donné le nombre d'éléments naturels, d'additifs et de contaminants (traces d'uf, métasulfites...) dans les boissons alcooliques. Les mécanismes impliqués sont l'hypersensibilité immédiate IgE dépendante et des réactions favorisées par la vasodilatation et l'apport d'amines biogènes.
Dans la porphyrie cutanée tardive
Dans la porphyrie cutanée tardive, l'absorption exagérée d'alcool favorise l'absorption du fer, et par là, une inhibition réversible de l'uroporphyrinogène décarboxylase et l'apparition de lésions cutanées.
Manifestations cutanéo-muqueuses d'origine carentielle
A l'heure actuelle, on rencontre rarement la pellagre et les érythèmes pellagroïdes qui sont dus à un déficit en vitamine PP, à la suite d'une carence d'apport, d'une malabsorption, d'interférences médicamenteuses. Il peut aussi s'agir d'un déficit en zinc (les boissons alcooliques sont pauvres en zinc) qui est responsable de manifestations cliniques subaiguës et polymorphes : eczéma craquelé, lésions à type de dermite séborrhéique, chéilite angulaire, glossite, stomatite, alopécie, dystrophie unguéale. D'autres carences en vitamines A, B1, B6, et C et/ou en protides, et/ou en acides gras essentiels donnent des tableaux cliniques proches comprenant la xérose cutanée et des anomalies de cheveux.
Psoriasis, eczéma nummulaire, érysipèle...
Sur le plan épidémiologique, le psoriasis paraît plus fréquent chez les alcooliques, et l'alcool joue un rôle péjoratif en diminuant la tolérance de certains médicaments. De même, d'autres affections telles que l'eczéma nummulaire, l'érysipèle, l'echtyma des membres inférieurs, ou des dermatophyties étendues sont volontiers plus graves et résistantes aux divers traitements chez les alcooliques. Par ailleurs, la maladie du Dupuytren et la lipomatose de Launois-Bensaude sont fréquemment observées chez les buveurs excessifs, sans que l'on sache l'expliquer.
Quant aux manifestations cutanées qui sont secondaires à l'insuffisance hépatique, c'est le cas de l'érythrose palmaire et des angiomes stellaires, elles sont souvent associés à des varices sophagiennes.
II. PEAU ET TABAC
Allergies
Diverses observations ont rapporté des allergies aux feuilles du tabac, aux filtres de cigarette, à la fumée du tabac, à la nicotine utilisée en tant qu'insecticide. Parmi les maladies les plus fréquentes ou exacerbées du fait de l'intoxication tabagique, citons l'eczéma, la pustulose palmo-plantaire, la dyshidrose et le psoriasis (surtout les formes pustuleuses). En matière de traitement du lupus érythémateux, on a constaté de bons résultats chez 90 % des patients non fumeurs alors que 60 % des fumeurs sont résistants au traitement.
Retard de cicatrisation
Il faut savoir qu'il existe chez les fumeurs un retard de cicatrisation, reconnu dans les lambeaux cutanés, la chirurgie d'urgence de la main (risque de nécrose après la réimplantation du doigt), les laparotomies et le lifting facial.
Rides
Les atteintes cutanées dues au tabac (rides plus marquées, pigmentation jaune et grisâtre) peuvent se voir dès l'âge de 30 ans, et de nombreuses études démontrent l'existence d'altérations des différentes macromolécules du tissu conjonctif chez les personnes qui fument.
Leucoplasie
En ce qui concerne la leucoplasie, qui touche entre 72 et 99 % des consommateurs du tabac, sa transformation maligne est estimée à 6 et 10 % des cas. Les cancers de la cavité buccale sont souvent très agressifs et les mélanomes auraient un pronostic plus défavorable chez les fumeurs.
Les problèmes liés aux systèmes transdermiques
Des allergies aux composants du système seraient rares ; par contre, la nicotine est souvent incriminée dans l'eczéma de contact (1,6 %), les irritations cutanées (3 %), les démangeaisons et les brûlures (63 %).
III. PEAU ET TOXICOMANIE
On peut rencontrer soit des folliculites très douloureuses au niveau du cuir chevelu, en rapport avec la septicémie à la Candida albicans, soit des ulcérations au niveau des membres supérieurs et inférieurs, ou encore des lésions à type de vascularite, lesquelles peuvent être consécutives à des injections de comprimés écrasés de buprénorphine.
D'après les communications de J.-L. Schmutz (Bordeaux) et M.-S. Doutre (Bordeaux), à l'occasion des Journées dermatologiques de Paris 2000.
Enquête chez les dermatologues
Une étude multicentrique préliminaire en Haute-Savoie a mis en évidence l'influence du tabac sur l'acné tardif : l'apparition de kystes épidermiques dans les régions péri-auriculaires, de cicatrices spécifiques liées à la modification du tissu élastique, et de façon spécifique chez la femme, la folliculite inguinale. Une enquête de portée nationale impliquant des dermatologues libéraux, qui va se dérouler du 26 au 31 mars 2001, pourrait contribuer à la lutte contre le tabagisme chez les jeunes, en démontrant l'interférence du tabagisme sur des pathologies qui « s'affichent ». En effet, les adolescents seraient plus sensibles à l'image qu'ils donnent qu'à un risque éventuel du cancer.
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