Conduites addictives

La prévention doit passer par l'école

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Publié le 14/09/2017
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Environ un tiers des adolescents de 17 ans fument du tabac tous les jours ; plus d'un sur dix consomme de l'alcool régulièrement et un sur deux s'alcoolise de manière importante dans le mois (au moins 5 verres en une seule fois). Quant au cannabis, près d'un sur dix en consomme régulièrement.

Pour que les jeunes soient mieux armés contre les conduites addictives, une nouvelle stratégie a été mise en place à l'école - au niveau national, à la rentrée 2016 : le parcours éducatif de santé (PES). De la maternelle à la terminale, le PES regroupe la protection de la santé des élèves, la prévention des conduites et situations à risques (surpoids, obésité, addictions, sexualité…) et l'éducation à la santé via les enseignements et projets pédagogiques en référence aux programmes scolaires et au socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Le PES doit, ainsi, préparer les élèves à prendre soin d'eux-mêmes et des autres, à devenir des citoyens responsables en matière de santé individuelle et collective.

Pour accompagner la mise en œuvre du PES dans les écoles, le ministère de l'Éducation nationale a mis à la disposition des équipes pédagogiques et éducatives un guide d'accompagnement. Ce dernier met en exergue l'importance, pour chaque élève, d'acquérir des compétences psychosociales (CPS) pour « répondre avec efficacité aux exigences et épreuves de la vie quotidienne ». L'adaptation, la confiance en soi, la gestion du stress, l'empathie pour les autres et l'esprit critique sont autant de compétences de vie que les enfants et les jeunes doivent pouvoir développer en milieu scolaire. Comme le souligne David Authier - président du réseau des universités pour l'éducation à la santé (UNIRés) - la prévention des conduites addictives doit s'effectuer « en intégrant ces CPS au sein de tous les enseignements, sans ajouter de programme supplémentaire ». Exemples : le professeur d'EPS apprend aux élèves à entretenir leur santé par le biais d'une activité physique régulière ; le professeur de français les amène à s'exprimer de façon maîtrisée face à un auditoire ou encore, à développer une pensée autonome… Pour Véronique Gasté, cheffe du bureau de la santé, de l'action sociale et de la sécurité à la direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO), « la promotion de la santé dès le plus jeune âge, c'est l'affaire de tous : pour cela, l'ensemble du personnel de l'école (du chef cuisinier au conseiller principal d'éducation, en passant par les enseignants, les infirmières, les médecins scolaires…) doit bénéficier de formations de qualité, à l'échelle nationale et locale » Le PES est également communiqué aux familles dont la coopération et l'implication constituent une priorité dans la perspective d'une coéducation.

Protéger les élèves à l'école

Par ailleurs, pour favoriser le déploiement du PES, la mise en place d'une école « bienveillante » est nécessaire. « Il faut notamment repenser le système d'évaluation des élèves pour les encourager et favoriser leur progression. La bienveillance doit aussi concerner le rapport qu'exerce l'institution scolaire vis-à-vis des enseignants. Malmenés, ces derniers ne peuvent favoriser le bien-être de leurs élèves », met en garde David Authier. De son côté, Franck Pizon, maître de conférences en sciences de l'éducation – USA ESPE Clermont-Auvergne met également l'accent sur le fait que « l'établissement scolaire doit être un lieu protecteur et sécurisant pour les élèves. S'il engendre du stress, il risque fort de favoriser des conduites à risques, notamment addictives ».

 

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9601