Agomélatine et dépression

À la recherche de critères prédictifs d’efficacité

Publié le 18/04/2012
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D-CHANGE est une étude observationnelle portant sur quelques 3 000 patients inclus aussi bien par des généralistes que par des psychiatres. Dans la majorité des cas, il s’agissait de dépression assez sévère et ancienne (2 à 3 épisodes, et une dizaine d’années d’évolution), tous les patients recevant 25 mg d’agomélatine (Valdoxan) par jour au début. L’un des objectifs était de chercher des critères, étudiés lors de la deuxième consultation (du 14e jour) permettant de prévoir l’efficacité des traitements au terme de l’essai (six semaines).

Les critères du sommeil ont été particulièrement étudiés car on sait que l’agomélatine améliore très rapidement le sommeil (3-4 jours), en raison de son mécanisme d’action original, essentiellement mélatoninergique (alors que les autres types d’antidépresseurs améliorent le sommeil plus tardivement). Cependant, l’amélioration précoce du sommeil ne s’est pas avérée prédictive de l’efficacité finale de l’agomélatine. Il en va de même pour le fonctionnement social, évalué avec l’échelle de Sheehan, ce qui ne surprend par le Pr Gorwood car les progrès dans le fonctionnement sont généralement plus tardifs, faisant suite à l’amélioration clinique.

De fait, c’est le score de dépression, en l’occurrence l’échelle de la QIDS (une échelle américaine proche de la Hamilton et la MADRS), qui permet au mieux prévoir l’efficacité au terme de l’essai. Un gain de 20 à 30 %, au quatorzième jour est en effet gage de succès à six semaines de traitement (70 % des sujets « améliorés » à J14 seront « répondeurs » à J42).

Enfin D-Change montre que l’amélioration perçue par le patient, analysée grâce à une simple échelle visuelle analogique, a elle-même une forte valeur prédictive, en particulier le critère « moral ». Autrement dit les patients qui « cochent » au niveau du tiers supérieur (le plus positif) de l’échelle sont ceux qui tirent le plus de bénéfice de traitement de six semaines par agomélatine.

Pour le Pr Philip Gorwood, ces résultats sont doublement intéressants : d’une part, parce qu’ils suggèrent que l’amélioration de la symptomatologie dépressive à deux semaines préfigure l’efficacité d’un traitement de six semaines par agomélatine (Valdoxan) et, donc, que l’on peut gagner du temps. Une amélioration insuffisante peut ainsi justifier une intervention plus rapide, par exemple par l’augmentation des posologies. Par ailleurs, l’étude D-Change confirme que le patient est assez bon juge de l’amélioration clinique dès le 14e jour, ce qui renforce son rôle, donc son implication, et potentiellement son observance, un problème majeur dans le cadre du traitement des EDM.

(1) Symposium organisé par les Laboratoires Servier.

 Dr ALAIN MARIÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9116