Seulement un tiers des patients français atteints de syndrômes coronariens aigus éligibles à la réhabilitation cardiaque, associant éducation thérapeutique, reconditionnement physique et optimisation du traitement médicamenteux, y ont effectivement accès, selon les chiffres publiés mardi 5 juillet dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire ». Dans son analyse portant sur 456 patients pris en charge au centre de cardiologie du Haut-Lévêque (CHU de Bordeaux), les Dr Jérôme Corré, Célia Minvielle et le Pr Hervé Douard ont identifé les nombreux freins à la prescription de la réhabilitation cardiaque, à commencer par les comorbidités et le refus du patient lui-même.
À partir des dossiers médicaux informatisés et d'échanges téléphoniques avec les centres de reconditionnement cardiaque, les auteurs notent en effet que si 48,2 % des survivants de syndromes coronariens aigus sont adressés en réhabilitation cardiaque, près d'un quart de ces derniers ne se présentent jamais. Au final, seulement 37,7 % des patients ont réellement débuté leur programme de réhabilitation cardiaque.
L'âge et les comorbidités, mais aussi l'offre de soin
Dans 25,8 % des cas, le patient ne participait pas à cause de comorbidités ou d'un état général altéré, dans 20,1 % des cas, c'est l'âge avancé qui était invoqué. La disponibilité des soins était aussi en cause, puisque 19 % des patients, pourtant motivés, n'avaient pas de centre de réhabilitation cardiaque suffisement proche de chez eux. Enfin, dans 16 % des cas, la réhabilitation n'a pas été proposée par le cardiologue. L'âge et les antécédents de coronopathies étaient des facteurs indépendants de frein à la prescription.
Les patients ayant eu un syndrôme coronaire aigu avec une fraction d'éjection du ventricule gauche inférieur à 45 % ont tendance à être moins adressés en réhabilitation cardiaque. C'est pourtant dans cette population que les bénéfices « semblent les plus importants », soulignent les auteurs.
Au-delà des traitements médicamenteux de l'affection aiguë, « la prévention secondaire et la correction des facteurs de risque cardiovasculaire sont indispensables pour limiter le risque de récurrence d'accident vasculaire ou de complication secondaire et améliorer le pronostic à long, voire très long terme », rapellent les auteurs. En France, seuls 22,7 % des patients éligibles réalisaient un programme de reconditionnement cardiaque en 2011, avec de fortes disparités selon les régions.
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