Libellés des actes d’IRM

La révision est une nécessité

Publié le 18/10/2012
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CELA FAIT maintenant plusieurs années que les radiologues souhaitent obtenir une évolution de la CAME (classification commune des actes médicaux), en particulier pour l’imagerie en coupe. À plusieurs reprises, la SFR et les syndicats des médecins radiologues ont fait valoir que les libellés d’IRM sont à la fois caducs et incomplets, alors même que les progrès de la technologie rendent l’interprétation de ces actes de plus en plus complexes. « La révision des libellés d’IRM est aujourd’hui devenue une nécessité. L’objectif est d’abord d’obtenir une plus juste rémunération de ces actes, qui ont pris une place essentielle dans la médecine moderne. Mais il est aussi de favoriser l’émergence des bonnes pratiques », explique le Pr Valérie Vil grain, chef du service d’Imagerie de l’hôpital Beaujon, Assistance Publique- Hôpitaux de Paris et secrétaire-général adjoint de la Société française de radiologie, en charge des sociétés d’organes. « La cotation de ces actes remonte à plus d’une vingtaine d’années. Depuis, l’IRM a pris une place très importante dans le diagnostic. Au début, cet examen était principalement utilisé en neurologie et en ostéoarticulaire. Mais désormais, l’IRM a aussi pris une place primordiale dans d’autres domaines comme la pathologie cardiovasculaire, pelvienne, abdominale, mammaire… », ajoute-t-elle.

Des protocoles plus complexes.

Selon le Pr Vil grain, les progrès dans le domaine de l’IRM ont été tels au cours des dernières années que les protocoles se sont largement complexifiés au fil du temps. « Aujourd’hui, par exemple, dans la CAME, il y a deux intitulés : l’IRM de l’abdomen sans injection de contraste et l’IRM de l’abdomen avec injection de contraste. Cela ne correspond plus du tout à la réalité de la pratique. Il est donc important de pouvoir mieux définir ces actes et mesurer, pour chacun, le travail nécessaire, le temps d’examen, sa complexité… », estime le Pr Vil grain.

La première étape de cette révision, visant à mieux définir les actes et la pratique de ceux qui les réalisent, a été conduite sous le pilotage de la SFR en lien avec les différentes sociétés d’organes. « Chaque société a travaillé dans son propre domaine et nous avons ensuite fait un travail d’harmonisation. Cette étape est sur le point de se terminer et devrait donner lieu à une réunion avec l’assurance-maladie dans les semaines à venir. Ensuite, il faudra passer à une deuxième étape, celle de la hiérarchisation des actes d’IRM par rapport aux autres actes des autres disciplines pour essayer de faire des passerelles et arriver à définir une valorisation des actes le plus juste possible », souligne le Pr Vil grain, en ajoutant que ce problème de la cotation ne concerne pas que les structures privées. « On entend souvent dire que cela ne concerne que les radiologues exerçant en libéral, poursuit-elle. Mais les hôpitaux, aussi, sont concernés, notamment pour les consultants externes qui constituent en général la majorité des examens d’IRM. Dans mon établissement par exemple, il y a 70 % de consultants externes parmi les patients qui font des IRM : il s’agit de patients ambulatoires pour lesquels l’acte n’est pas financé via la dotation de l’hôpital. La cotation repose sur l’acte intellectuel et un forfait technique lié à la puissance du champ et l’âge de la machine ».

Au-delà de la question de la rémunération de ces actes, le Pr Vil grain insiste sur le problème des bonnes pratiques. « C’est un sujet essentiel. À trop peu définir certains actes, on court le risque qu’ils soient parfois pratiqués de manière minimaliste », explique-t-elle, en précisant que la SFR et les différentes sociétés d’organes ont fait un important travail sur les procédures, conformément au guide des bonnes pratiques rédigé par la SFR. « Souvent, vous pouvez associer deux explorations. Mais si on fait deux explorations qui ne sont pas recensées, le deuxième acte vaut 50 % du premier. Ce qui peut entraîner un certain nombre de mauvaises pratiques. Il est donc logique de dire que lorsqu’on fait telle exploration d’organes, on peut associer telle autre. Il faut établir des procédures qui correspondent, à chaque fois, à des indications médicales », souligne le Pr Vil grain.

› Antoine DALAT

D’après un entretien avec le Pr Valérie Vil grain, chef du service d’imagerie, hôpital Beaujon, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris et secrétaire-général adjoint de la Société Française de Radiologie, en charge des sociétés d’organes.


Source : Bilan spécialistes