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La santé ne se réduit pas à la médecine

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Publié le 24/06/2021

Désormais, les soignants reconnaissent leur tribu à tous ceux qui ne sont pas médecins dans les progrès fulgurants de la santé humaine. Jean-David Zeitoun, docteur en médecine, diplômé de Sciences Po et docteur en épidémiologie clinique reconnaît bien volontiers cette dette dans son livre La Grande Extension (1). « La santé n'est déterminée qu'à 10-20 % par la médecine. » Le comportement, l'environnement et la biologie jouent un rôle plus important dans la bonne santé. D'où le début de cette histoire qui commence par l'Anglais John Graunt, l'inventeur de la démographie mais aussi de celle de l'épidémiologie. Dans cette autre histoire de la médecine, se dessine en creux une image moins glorieuse pour l'orgueil national. Certes Louis Pasteur est célébré comme il convient. Mais en matière de pionniers dans le domaine de la santé publique, les grands hommes sont issus du monde anglo-saxon, à l'exception de Louis René Villermé, l'inventeur de la médecine du travail et le découvreur des inégalités de santé liés à la différence de revenus. Ce récit n'est pas pour autant celui d'une grande marche triomphale et indéfinie. Il rappelle ainsi les reculs récents de l'espérance de vie observée aux États-Unis mais aussi au Royaume-Uni. En tout état de cause, l'avenir n'est pas écrit. Si l'auteur appelle à un nouveau mouvement sanitaire, l'enjeu serait désormais l'extension de la santé plutôt que celle de la durée de vie. Même les liens entre économie et médecine ne sont plus ce qu'ils étaient. Sur le court terme, les deux disciplines s'opposaient. Mais « se faisaient la courte échelle sur le long terme pour s'élever toujours plus haut ». On n'est plus là désormais. Une économie qui va bien ne promet plus une meilleure santé pour tous. Rançon du progrès, l'économie vulnérabilise les humains, écrit l'auteur. Il nous faut désormais inventer un nouveau monde.  

 

 

La Grande Extension, histoire de la santé humaine, Jean-David Zeitoun, éditions Denoël, 340 p., 21 euros.


Source : lequotidiendumedecin.fr