TOC invalidants, dépression réfractaire, addictions…

La stimulation cérébrale profonde explore la psychiatrie

Publié le 17/12/2010
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LA STIMULATION CÉRÉBRALE profonde (SCP) a d’abord fait preuve de son efficacité dans le traitement des affections neurologiques dans lesquelles sont impliqués les circuits cortico-sous-corticaux. Cette technique consiste à stimuler les noyaux gris centraux situés en zones cérébrales profondes à l’aide d’électrodes implantées dans des zones déterminées en fonction du type de symptôme à traiter : le noyau sous-thalamique dans la maladie de Parkinson, le pallidum interne pour les dystonies, le noyau ventral intermédiaire du thalamus pour les tremblements essentiels.

La SCP agit sur les réseaux cortico-sous-corticaux sans provoquer de lésions et se caractérise par son adaptabilité et sa réversibilité : il est possible d’arrêter la stimulation en cas d’effets secondaires ou d’inefficacité.

Les TOC invalidants.

C’est en 2002, que, grâce à une observation fortuite sur des patients atteints de maladie de Parkinson, les chercheurs de l’équipe de la Pitié-Salpêtrière avaient trouvé une voie de traitement potentiel des formes les plus graves de TOC.

Chez deux patients atteints de maladie de Parkinson et souffrant de TOC, la SCP bilatérale du noyau sous-thalamique avait non seulement amélioré la composante motrice de la maladie de Parkinson mais aussi la symptomatologie des TOC : les obsessions, les compulsions et notamment les rituels de vérification.

En 2008, un essai clinique qui a rassemblé les équipes de 10 CHU, coordonné par le Dr Luc Mallet (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris), mené sur 16 patients atteints de TOC sévères, a donné des résultats spectaculaires. Chez certains de ces patients, les troubles obsessionnels compulsifs ont presque disparu.

L’ensemble de ces données a conduit à la création d’un projet hospitalier de recherche clinique qui a marqué le développement de SCP en psychiatrie : le projet STOC (stimulation dans le trouble obsessionnel compulsif).

Cette étude s’appuie sur une double hypothèse :

- des réseaux neuronaux distincts régissent non seulement la motricité mais aussi des processus des processus cognitifs et affectifs ;

- des structures corticales larges et hétérogènes convergent vers des ganglions sous-corticaux plus réduits.

Le TOC résistant représente actuellement l’indication psychiatrique de choix de la stimulation cérébrale profonde (rapport de la HAS en 2005 et autorisation aux États-Unis) chez les patients ne répondant pas aux traitements habituels (Inhibiteur de la recapture de la sérotonine, associés en deuxième intention à des antipsychotiques, psychothérapie d’au moins deux ans).

Troubles dépressifs résistants et chroniques

Les indications de la SCP en cours d’étude concernent les troubles dépressifs résistants et chroniques (5 à 10 % des pathologies dépressives).

S’appuyant sur les données de l’imagerie (anomalies structurales et fonctionnelles) des hypothèses de boucles cortico-sous-corticale ou cortico-limbiques dysfonctionnelles ont été avancées. Deux cibles sont actuellement à l’étude : l’aire subgénuale du cingulum et la cible VC/VS (ventral caudale/ventral striatum).

L’alcoolo-dépendance, d’autres types d’addiction (cocaïne) ou d’addictions sans drogue, les troubles du comportements alimentaires pourraient également être dans un futur proches des indications de la SCP.

Communication de Bruno Millet, Marc Vérin et Dominique Drapier (Rennes) à l’Académie nationale de Médecine

 Dr Micheline FOURCADE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8879