Brève

La vie de Galilée

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Publié le 13/06/2019

Cette Vie de Galilée est l'œuvre d'une vie, celle d'un auteur, Bertolt Brecht qui, poussé par les vents contraires de l'histoire, a traversé les pays et les expériences pour livrer à la fin une œuvre testamentaire irriguée par les questions de l'engagement, de la raison, de la survie des institutions, et accessoirement celle du sacrifice pour ses idées et de la lâcheté qui nous guette tous, y compris les génies. Mais rien ici ne relève du discours théorique. Hervé Pierre incarne avec émotion et truculence un astronome sous l'emprise de la science qui n'en dédaigne pas pour autant tous les plaisirs, y compris celui d'un vin de Sicile. Comment ne pas lire à travers le cas de conscience de Galilée poussé à abjurer par l'église de son temps les vérités de la science, d'autres religions plus contemporaines pratiquant la censure simplement pour ne pas désespérer les peuples ! Mais comment surmonter la peur de la mort ? « Si j'avais résisté, les physiciens auraient pu développer quelque chose comme le serment d'Hippocrate, la promesse d'utiliser leur science uniquement pour le bien de l'humanité », se reproche Galilée. Alors si parfois la mise en scène d'Éric Ruf flirte avec un baroque parfois inutile, il nous offre là à entendre un texte majeur du théâtre contemporain, loin des clichés qui accompagnent l'œuvre de Bertolt Brecht. On oserait même parler d'un moment de grâce…

 

La vie de Galilée, de Bertolt Brecht, mise en scène d'Éric Ruf, jusqu'au 21 juillet. Comédie-Française, salle Richelieu.


Source : lequotidiendumedecin.fr