L'AMELIORATION des connaissances sur les mécanismes physiopathologiques de l'arthrose et les nombreux progrès thérapeutiques réalisés ces dernières années ont largement contribué a améliorer la prise en charge du patient arthrosique.
Le praticien dispose aujourd'hui d'un arsenal thérapeutique qui lui permet de soulager la douleur, d'améliorer la gêne fonctionnelle et d'agir sur la dégradation du cartilage.
Le traitement de l'arthrose se conçoit selon plusieurs modalités, explique le Pr B. Avouac (hôpital Henri-Mondor, Créteil).
Le premier objectif est d'agir rapidement sur les symptômes. Les antalgiques (paracétamol, aspirine, associations paracétamol-opioïdes faibles), qui ont démontré leur efficacité dans de nombreux essais thérapeutiques, sont utilisés couramment pour soulager la douleur arthrosique ; les anti-inflammatoires non stéroïdiens ont fait la preuve à la fois d'un effet analgésique et d'un effet bénéfique rapides sur la gêne fonctionnelle. Ces médicaments ne sont pas spécifiques de l'arthrose, ils sont utilisés dans des affections non rhumatologiques pour leur propriété antalgique.
Par opposition à ces médicaments d'action rapide, les médicaments symptomatiques à action lente ou retardée (glucosamine, chondroïtine sulfate, diacerhéine [ART 50») sont plus spécifiques de la maladie arthrosique car ils interfèrent dans les processus physiopathologiques. De ce fait, ils sont efficaces sur la douleur et le handicap et permettent de réduire la prise d'anti-inflammatoires.
Parmi ceux-ci, la diacerhéine se caractérise par une action retardée et rémanente.
De l'effet symptomatique à la chondroprotection
La diacerhéine est un antiarthrosique d'action retardée et rémanente qui, in vitro, inhibe la phagocytose et la migration des macrophages ainsi que la production d'interleukine 1 et la sécrétion de métalloprotéase. Plusieurs modèles animaux d'arthrose expérimentale suggèrent qu'elle serait capable de ralentir la destruction du cartilage.
L'essai thérapeutique ECHODIAH, première étude de grande envergure, multicentrique et randomisée, menée pendant une durée de trois ans, a évalué l'effet de la diacerhéine sur la progression du pincement de l'interligne articulaire chez 507 patients souffrant d'une arthrose de hanche (hauteur de l'interligne articulaire au point le plus pincé sur la radiographie comprise entre 1 et 3 mm).
Après randomisation en deux groupes parallèles, les patients ont reçu soit 50 mg de diacerhéine matin et soir, soit un placebo.
L'effet structural de la diacerhéine a été évalué sur l'évolution de la hauteur de l'interligne coxo-fémoral mesuré sur les radiographies du bassin à l'aide d'une loupe graduée au dixième de millimètre.
Les résultats montrent que le nombre de patients dont l'état s'est aggravé (progression radiologique d'au moins 0,5 mm) est significativement plus important dans le groupe placebo (60,5 %) que dans le groupe diacerhéine (50,7 %) pour la population en intention de traiter, ainsi que pour les patients ayant pris effectivement le traitement durant les trois années (compléteurs) (62,3 % versus 47,3 %).
Dans cette population de patients, la vitesse annuelle de pincement de l'interligne articulaire a été plus lente dans le groupe diacerhéine que dans le groupe placebo (0,13 mm/an versus 0,19 mm/an ; p = 0,042).
L'étude ECHODIAH suggère donc un ralentissement du pincement de l'interligne articulaire sous diacerhéine.
Prothèse totale de hanche
Parallèlement à ces résultats, d'autres analyses ont permis d'envisager de nouveaux critères de jugement dans les essais sur l'efficacité des structuro-modulateurs.
Les résultats d'une étude prospective de trois ans menée chez des patients ayant une coxarthrose par le Pr M. Dougados (hôpital Cochin, Paris) montrent que les variations radiologiques de la hauteur de l'interligne articulaire durant la première année sont hautement prédictives du recours à une prothèse totale de hanche durant les deux années suivantes.
Ces résultats suggèrent que la prothèse totale de hanche (PTH) pourrait être considérée comme un critère de mesure pertinent de l'arthrose en rapport avec les évaluations cliniques et radiologiques.
Quand doit-on envisager la pose d'une PTH chez les patients souffrant d'une coxarthrose ? Le Pr J.-F. Maillefert (CHU de Dijon) a développé un outil, facile d'emploi, pour aider à la décision de pose d'une PTH : il s'agit d'un indice composite associant la hauteur de l'interligne articulaire, l'indice de Lequesne, l'autoévaluation de l'activité de la maladie, la consommation d'antalgiques et d'AINS. Un score supérieur à 40 permettrait de considérer un patient comme « candidat à la pose d'une PTH ». Cet indice, qui demande à être validé par d'autres études, pourrait également être utile dans les essais thérapeutiques.
Marrakech, 8e Congrès international « Recherche et thérapeutique dans l'arthrose : la voie des inhibiteurs de l'interleukine 1 », organisé sous l'égide des Laboratoires Negma et présidé par le Dr N. Hassouni et le Pr M. Dougados.
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