Le générique, ce n’est pas automatique

L’Alsace, toujours à la traîne pour la substitution

Publié le 22/06/2015
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L’Alsace est l’une des régions françaises où le taux de substitution est le plus bas. Maladresses de la communication nationale sur les génériques, défiance des patients et surtout méconnaissance du sujet : les raisons du « retard français » en matière de génériques sont bien connues.

Le récent débat public organisé à Strasbourg par la conférence régionale de santé et de l’autonomie a permis à des pharmaciens, médecins et responsables de caisses, de mesurer le chemin qu’il reste à parcourir. Dans le Bas-Rhin par exemple, le taux de substitution stagne à 77,8 % du répertoire, mais il remonte à 81 % dans le Haut-Rhin. À Strasbourg, le taux de non substituable dépasse 12 %, mais les médecins ont rappelé le fort rejet du générique par leurs patients. Pourtant l’enjeu financier est de taille. « Si l’Alsace atteignait l’objectif national de 85 %, elle économiserait 7,4 millions d’euros supplémentaires, qui pourraient être réinvestis dans des nouveaux traitements et médicaments coûteux », rappelle la caisse primaire du Bas-Rhin.

L’exemple allemand

La situation est bien différente outre-Rhin, puisque la part des génériques y atteint 76 % du total des médicaments prescrits. Responsable de l’AOK régionale du Bade-Wurtemberg, la principale caisse de maladie de ce Land voisin immédiat de l’Alsace, le Dr Jürgen Bleil a rappelé que la politique en faveur des génériques a été encore renforcée depuis 2006 par le système des appels d’offres et des remises obligatoires. Outre-Rhin, la substitution est d’autant mieux acceptée des assurés qu’ils sont associés aux économies. En effet, lorsqu’un pharmacien délivre un générique acheté en appel d’offres, le patient est dispensé du ticket modérateur de 10 % par boîte qui s’applique aux médicaments non régis par ce système, génériques ou non. De plus, si le patient exige une spécialité alors qu’il existe un générique, il doit lui-même payer la différence de prix, ce qui limite ses ardeurs…

Grand témoin de ce débat, le Pr André Grimaldi a regretté que les relations entre les caisses et les médecins français restent basées sur l’affrontement, y compris en matière de substitution : « Plus les caisses embêtent les médecins, et plus les médecins embêtent les caisses », constate-t-il. Désorientés par des informations contradictoires, les patients se raccrochent à des idées toutes faites dont le fameux « si c’est plus cher, c’est que c’est mieux ». Dans ce domaine comme dans d’autres, il faudra encore que les mentalités évoluent, afin que le générique devienne, comme dans les pays voisins, « une évidence que plus personne ne conteste ».

De notre correspondant Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Médecin: 9422