TOURISME
par JACQUES CHAMBAZ
A VEC ses vieux quartiers de maisons de briques rouges et ses rues pavées, ses monuments et son riche patrimoine historique, Boston, capitale de la Nouvelle-Angleterre et de l'Etat du Massachusetts, cultive volontiers le genre chic et raffiné d'une Amérique « européenne » héritée des premiers pèlerins du « Mayflower ».
Passé et présent se mêlent harmonieusement, toutefois, dans cette ville à taille humaine, aux nombreux espaces verts, et où, à part quelques rares gratte-ciel comme la Hancock Tower ou le Prudential Center, les habitations ne dépassent guère les quatre ou cinq étages.
Leçon d'histoire
En suivant le Freedom Trail (le chemin de la Liberté), longue ligne rouge de quatre kilomètres peinte sur la chaussée, on prend une première leçon d'histoire américaine en découvrant les principaux sites de l'époque coloniale révolutionnaire : le beau parc de Boston Common dominé par le dôme doré de la State House, de style néo-classique, construite en 1798 ; le cimetière de Granary, où reposent les citoyens illustres de la ville, parmi lesquels les signataires de la Déclaration d'indépendance (John Hancock, Samuel Adam, Paul Revere, James Otis) ; l'Old South Meeting House, l'église puritaine où débuta la fameuse Boston Tea Party le 16 décembre 1773, qui déclencha la révolte des colons américains contre la Couronne britannique. Et naturellement, la Paul Revere House, la plus vieille maison de la ville (1680), où demeura l'incontournable héros de la légendaire chevauchée qui sauva les patriotes lors du déclenchement de l'offensive anglaise.
Pour retrouver l'esprit du vieux Boston, il faut se rendre dans le quartier de Beacon Hill et flâner dans le dédale des rues ornées de réverbères à l'ancienne et de ruelles pavées de briques rouges, serpentant entre les superbes maisons géorgiennes et les hôtels particuliers des XVIIIe et XIXe siècles. Tout est admirablement entretenu et fleuri, dans ce havre résidentiel, où le prix du mètre carré atteint des sommets vertigineux.
Un petit morceau d'Italie
Tout aussi historique, mais moins cossu, North End, qui longe la rivière Charles, fut longtemps le fief des émigrants irlandais et d'Europe de l'Est, avant de devenir un petit morceau d'Italie. Dans les petites rues étroites bordées de maisons de briques rouges de ce quartier, on trouve les meilleurs restaurants italiens de la ville et l'on oublie un temps la réserve de la Nouvelle-Angleterre pour retrouver l'exubérance méditerranéenne.
L'histoire resurgit au bout du Boston Common, le plus ancien parc public des Etats-Unis, refuge des écureuils qui sautillent entre branches et pelouses sous les yeux de la statue de bronze de Georges Washington ; l'histoire resurgit avec les belles façades de pierre des suberbes bâtiments qui longent les avenues bordées d'arbres du quartier de Back Bay, Newbury Street ou Commonwealth Avenue et leurs enfilades de demeures patriciennes.
Avec la très européenne Trinity Church, sur Coppley Square, belle et étrange église épiscopalienne avec son clocher espagnol et son porche roman qui se reflète dans le miroir bleuté de la Hancock Tower, la vertigineuse tour construite par l'architecte Peï.
Edifié en 1742, et offert à la ville par un négociant français dont il porte le nom, le bâtiment de Faneuil Hall, lieu historique de la révolte des colons contre l'Angleterre, est au centre d'une multitude de magasins, de boutiques et de restaurants. Boston possède une solide et justifiée réputation gastronomique à l'influence européenne fortement marquée.
On ne manquera pas de faire halte à l'Union Oyster House, près de Faneuil Hall, le plus ancien (1771) restaurant de la ville. John F. Kennedy, natif de Boston, s'y régalait de son plat favori, la fameuse Clam Chowder (soupe de clams à la crème parfumée d'herbes).
Emblème de la Nouvelle-Angleterre, le homard du Maine est partout présent et se décline à toutes les sauces. Quelques dollars suffisent pour s'offrir un de ces délicats crustacés au Legal Sea Food, dans Everett Street.
Haut lieu de culture, Boston possède de suberbes musées qui figurent parmi les plus importants des Etats-Unis.
Comme le Museum of Fine Arts, avec ses riches collections d'antiquités égyptiennes, d'art asiatique, d'impressionnistes français et américains amassées par des richissimes Bostoniens qui parcouraient le monde au XIXe siècle. Ou, dans une réplique de palais vénitien, le musée Isabelle Stewart Garner, qui regorge de toiles de James Whistler, John Singer Sargent, Turner, Matisse, Delacroix, Fra Angelico, Pietra della Francesca, Bellini et Raphael. Les nostalgiques des années Kennedy trouveront leur bonheur au musée-bibliothèque consacré à la vie et l'uvre du 35e président des Etats-Unis. Le bâtiment ultra-moderne qui l'abrite, construit par l'incontournable I.M. Peï, l'architecte de la Pyramide du Louvre, vaut à lui seul le déplacement pour sa vertigineuse façade vitrée qui s'élance entre ciel et mer.
Témoignages de l'art de vivre et du raffinement de Boston, ses grands palaces figurent parmi les plus beaux de toute l'Amérique du Nord. L'un des plus prestigieux est sans conteste le mythique Copley Plaza, de la chaîne Fairmont Hotels & Resorts, situé dans le très chic quartier de Back Bay, à l'ombre du clocher de la Trinity Church et de la John Hancok Tower. Inauguré en 1892 par John F. Fitzgerald, maire de Boston et grand-père du président Kennedy, ce palace typiquement Belle Epoque est une véritable institution. uvre de Henry J. Hardenbergh, son architecture mêle avec bonheur éléments Renaissance française et italienne à l'extérieur et le style palais européen à l'intérieur. Son immense salle de bal et ses halls couverts de dorures et de fresques ont vu défiler les plus grands noms de la « high society » bostonienne et internationale. Tout comme les boiseries du splendide Oak Bar - réplique exacte d'un club d'officiers britanniques de l'armée des Indes - où l'on peut boire de délicieux Martini, déclinés en de savoureux cocktails.
La fabrique des génies
Le personnel, efficace et courtois, est à la hauteur de la réputation de ce palace de légende. Aussi bien dans le service des chambres que dans celui des deux restaurants, l'Oak Room et sa belle salle vénitienne et le Copley's Grand Café, qui figurent sur la liste des meilleures tables de Boston.
A un jet de pierre du centre-ville, de l'autre côté de la Charles River, Cambridge l'universitaire distille son charme infini de petite et calme bourgade américaine sortie tout droit d'un tableau de Norman Rockwell. Pimpantes maisons de bois et de briques, jardinets fleuris, petites places ombrées d'arbres voisinent avec les beaux bâtiments de pierre couverts de lierre de la prestigieuse université d'Harvard - six présidents des Etats-Unis et plus d'une trentaine de prix Nobel à son actif - et ceux plus modernes du MIT (Massachusetts Institute of Technology), véritable fabrique de petits génies de l'industrie. Cambridge regorge de musées, comme le Fogg Art, riche en collections d'impressionnistes français, allemands et autrichiens.
A quelques 25 kilomètres au nord de Boston, Salem, ancienne capitale du Massachusetts et haut-lieu du puritanisme, vit toujours dans le souvenir de ses célèbres sorcières. Musée à grand spectacle, le Witch Museum rejoue inlassablement pour les touristes les épisodes de la chasse aux sorcières de 1692. Les magasins de la petite ville font de l'or en vendant chats noirs, balais magiques et autres diableries.
En train
On choisira le train pour parcourir tranquillement les quelque 350 kilomètres qui séparent Boston de New York.
A bord du lent (pas moins de quatre heures de trajet) mais confortable Amtrack, qui longe plein sud, en direction du New Jersey, les côtes de la Nouvelle-Angleterre, le temps passe vite tant les paysages sont superbes.
Entre Boston et Cape Cod, alignés sur des kilomètres et des kilomètres de côtes, défilent petites villes et villages noyés dans la verdure, maisons blanches et vieilles églises au clocher de bois peint, petits ports de pêche et de plaisance, magnifiques plages de sable sur fond de mer bleu sillonnée de voiliers évoquant les toiles d'Edouard Hopper.
Plymouth et son port, où le « Mayflower » jeta l'ancre le 21 novembre 1620 avec les premiers colons fondateurs de la Nouvelle-Angleterre ;
Cape Cod et ses îles-villégiature de la bonne société de Boston et New York ; Martha's Vineyard, fief estival de la famille Kennedy ; Nantucket et ses belles demeures victoriennes datant de l'âge d'or de la pêche à la baleine ; Newport, capitale du yachting, berceau de l'America's Cup et ses luxueuses bâtisses fin XIXe ; New Haven, où les bâtiments gothiques de l'université de Yale côtoient les gratte-ciel du quartier des affaires ; la Gold Coast enfin, immortalisée par Scott Fitzgerald dans son « Gatsby le Magnifique », et Long Island, l'interminable presqu'île et sa succession de banlieues huppées entrecoupées de plages de dunes sablonneuses qui s'étirent jusqu'aux pieds de Brooklyn et du Queen.
En plein cur de New York, la gare de Penn Station semble comme écrasée par la masse des buildings. Contraste énorme entre la patricienne Boston, si calme et si européenne, et la cosmopolite New York et son étourdissante immensité de gratte-ciel qui champignonnent sur l'île-phare de Manhattan.
Manhattan, ville-caméléon cernée par ses quartiers-districts où se juxtaposent tous les peuples et toutes les cultures de la planète. Où, en changeant de rue, on change subitement de monde. L'Asie s'efface pour l'Europe centrale, l'Italie pour l'Irlande, l'Afrique pour l'Amérique du Sud. Manhattan, la « City » comme la nomment les New-Yorkais. Un éternel mouvement où rien n'est jamais figé, où tout se fait et se défait à une allure supersonique.
Quartiers, restaurants, boutiques de mode et spectacles branchés changent le temps d'une mode : Chelsea et ses beaux immeubles du siècle dernier, restaurés et embellis ; l'ancien quartier industriel de TRIBECA (Triangle Below Canal Street) entièrement réhabilité ; le si crasseux Times Square, aujourd'hui propre comme un sous neuf, éclatant sous les néons de ses publicités géantes. Seul Greenwich Village garde son charme bohème et désuet, avec ses jolies maisons de briques aux escaliers de fer forgé bordés d'arbres et de jardinets fleuris très vieille Angleterre.
Plus haut, plus grand
Dans Midtown, tout est plus haut et plus grand que partout ailleurs. Buildings géants pointés vers le ciel : l'Empire State Building, le Pan Am, le Chrysler, l'AT&T et les multiples Trump Tower... Ou encore les bâtiments de l'ONU, le Rockfeller Center, la cathédrale St Patrick ou la sublime gare de Grand Central et son immense voûte étoilé.
Centre d'affaires et plus grand marché du monde, c'est dans ce quartier que sont concentrés les galeries de peintures les plus célèbres, les boutiques de mode, les restaurants chics, les banques, les journaux et les grands hôtels de luxe.
D'interminables limousines aux vitres teintes glissent silencieusement sur l'asphalte au milieu du fleuve des piétons qui déambulent le long de Central Park, sur la célèbre 5e Avenue ou sur Park Avenue, les deux artères les plus chères du monde.
Devant les vitrines des grands magasins de luxe, Sak's et Bergdorf-Goodman et l'inabordable Tiffany's, les marchands ambulants débitent hot-dogs, beignets graisseux et montres de pacotilles.
A quelques pas, à la croisée de la 5e Avenue et de la pointe sud de Central Park, le Plaza (voir encadré) domine de ses 19 étages le grand parc (350 hectares) de verdure posé au cur de Manhattan. Guère en odeur de sainteté à New York comme nul ne l'ignore, les fumeurs ont la ressource de sacrifier à leur funeste vice en se réfugiant dans la chaude ambiance de l'Oak Bar du Plaza, l'un des salons-bars le plus célèbre de la ville. Du matin jusqu'au bout de la nuit, l'endroit ne désemplit pas et l'on peut y pétuner à loisir sans le moindre risque, sinon pour ses poumons, tant la fumée est dense.
Pour partir
TRANSPORTS
Vols quotidiens Paris/Boston ou New York via Londres-Heathrow sur British Airways à partir de 2 O83 F A/R (par Directours). A noter la remarquable classe Affaires de BA avec ses très confortables fauteuils-lits pour les vols de nuit (à partir de 13 540 F A/R par Directours).
British Airways : 0825.825.400. Directours : 01.45.62.62.62.
HOTELS
Boston :
- The Fairmont Copley Plaza 138, Saint James Avenue, Boston, MA 02116, tél. (617) 267 5300. Chambre double à partir de 279 USD (1950 F environ).
New York :
- The Plaza Fifth Avenue et Central Park South, New York, NY 10019, tél. (212) 759 3000.
Chambre double à partir de 385 USD (2 690 F environ).
- Réservations (France), Fairmont Hotels & Resorts : O1.44.74.17.47.
SEJOURS
Pour découvrir Boston et New York, Directours propose un combiné de 6 jours/4 nuits au Fairmont Copley Plaza et au Plaza à partir de 6 900 F Paris/Paris, comprenant les vols sur British Airways aller Paris/Boston et retour New York/Paris, 2 nuits à Boston au Fairmont Copley Plaza, le trajet en train (Amtrak) Boston/New York, et 2 nuits à New York au Plaza.
Outre des excursions guidées (en français) à Boston et à New York, tours de ville, attractions, croisières ou survols en hélicoptère, Directours propose au départ de New York un intéressant itinéraire accompagné de 5 jours/4 nuits pour découvrir les capitales de l'Est (New York, les chutes du Niagara, Toronto, Washington, Philadelphie, New York).
RENSEIGNEMENTS
- Ambassade des Etats-Unis, 2, rue Saint-Florentin, 75001 Paris, tél. 01.43.12.22.22. Centre d'informations touristiques (Visit USA Committee), 24, Rue Pierre-Sénard, 75009 Paris, tél. 01.42.60.57.15 (serveur vocal) ou www.visitusafrance.com
- Directours, tél. 01.45.62.62.62, minitel 3615 Directours et www.directours.com.
Rendez-vous au Plaza
Fleuron de l'hôtellerie new-yorkaise, comme son luxueux homologue, le Pierre, qui lui fait face du haut de ses 40 étages, le Plaza Hotel fait partie de la légende de la ville. Classé monument historique en 1969, le palace était à l'origine une résidence pour richissimes New Yorkais comme les Vanderbilt, les Pierpont, les Morgan et autres seigneurs de la haute finance.
En 1907, année de son inauguration, 90 % de ses hôtes y résidaient en permanence. Halls de marbre, plafonds ornés de dorures, lustres de cristal, meubles précieux, fabriqués spécialement en Irlande, rideaux d'organdis brodés d'or importés de Suisse, porcelaines de Chine incrustées d'or.... rien n'était trop beau pour faire de ce palace un château aux splendeurs dignes des vieilles dynasties européennes.
Chefs d'Etats, rois déchus ou en exercice, personnalités du monde politique, du théâtre, du cinéma, de la musique et du sport, les célébrités du monde entier ont pris leurs aises dans les vastes chambres et appartements aux plafonds hauts de plus de quatre mètres, somptueusement meublés et parés de cheminées de marbre sculpté et de lustres précieux protégés par d'épaisses portes d'acajou massif.
Réunions politiques ou mondaines, galas, mariages et fêtes se succèdent toujours sous les lambris de ce vénérable palace. En novembre dernier, Michael Douglas et Catherine Zeta-Jones accueillaient ainsi le Tout-New York pour célébrer des noces longtemps attendues.
Côté plaisirs de la table, le Plaza offre trois restaurants très prisés : l'élégant Oak Room, avec ses murs plaqués en vieux chêne ornés de colonnes cannelées et de fresques début du siècle, garde ses allures de très sélect club privé pour hommes d'affaires. En ce viril lieu, et ce jusqu'en 1974, les femmes n'étaient guère admises qu'en fin d'après-midi, une fois terminées les longues digestions masculines. Aujourd'hui, tous sexes confondus, on peut fort heureusement déguster à toutes heures l'excellente cuisine du chef français Marc Félix. Incontournable rendez vous du Five O' Clock, le Palm Court et son jardin luxuriant, au milieu de l'hôtel, est réservé au petit-déjeuner, et aux sacro-saints brunchs du dimanche. Tandis que les amateurs de fruits de mer peuvent se régaler à l'Oyster Bar, belle réplique de pub anglais avec ses fenêtres de verre taillé, ses fresques édouardiennes et ses grands comptoirs de cuivre.
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