D IX mois après avoir fait leurs premières propositions de réforme de la profession (« le Quotidien » du 17 avril et du 8 juin 2000), les syndicats de biologistes vont-ils assister sinon à leur application, du moins à leur discussion par les pouvoirs publics ?
Ils peuvent l'espérer, depuis qu'Elisabteh Guigou, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, a tenu à préciser, lors des conclusions du « sommet santé » du 25 janvier, « qu'elle recevrait les syndicats de biologistes qui ont participé à ce travail (de réflexion et de réforme) pour discuter de la mise en œuvre de ces propositions ». Promesse qui a été très bien accueillie par les représentants des trois organisations syndicales représentatives. Faute (certains le regrettent au gouvernement) d'avoir rédigé des propositions communes, ils espèrent cependant que cette concertation aura lieu très rapidement, afin que la réforme s'engage dès les prochains mois.
Pour le président du Syndicat national des médecins biologistes (SNMB), le Dr Claude Cohen, « l'annonce d'Elisabeth Guigou est importante, dans la mesure où elle confirme l'intention du gouvernement de prendre en considération les propositions de la profession ». Une satisfaction que l'on retrouve chez Jean Benoît, président du Syndicat des biologistes (SDB), qui se félicite de cette déclaration ministérielle, et pour qui « il est en effet urgent d'engager les modifications indispensables à l'évolution de la profession ». Enfin, pour Jean-Claude Mas, président du Syndicat des laboratoires de biologie clinique, troisième organisation représentative de la profession, et qui regroupe surtout des laboratoires installés dans des établissements de soins privés, « il y a une grande chance pour que la biologie connaisse bientôt une réforme importante ».
Le problème des restructurations
Reste à savoir sur quelles bases. Si une restructuration, qui passe par un regroupement ou une fusion de certaines entreprises, est inéluctable, son ampleur est diversement appréciée par les syndicats, notamment le SNMB et le SDB, qui mettent en avant l'importance, pour la santé publique, du réseau de laboratoires de proximité spécifique à la France.
Le problème de la formation des biologistes demeure aussi très sensible. Faut-il s'engager vers une formation strictement médicale des futurs biologistes, comme le préconise le SNMB, ou continuer à faire coexister les deux filières de formation, la pharmaceutique et la médicale ? Le débat, là non plus, n'est pas tranché. Le problème de l'accréditation des biologistes ou des laboratoires sera également au centre des débats, d'autant plus que les syndicats n'y semblent pas opposés. Encore faut-il se mettre d'accord sur les règles.
Quel système de maîtrise ?
Mais la difficulté essentielle viendra de la réforme éventuelle du système de maîtrise des dépenses. Les biologistes, dont la lettre clé B, en vertu de la maîtrise comptable et du système de lettre clé flottante, est passée, par baisses successives, de 1,80 F en juillet 1999, à 1,72 F en décembre 2000, demandent une modification profonde du dispositif actuel. D'autant, disent-ils, qu'ils ne peuvent agir sur les prescriptions du médecin. Le leitmotiv des biologistes est clair : il faut revenir à des recommandations médicales, des références opposables qui ont montré leur efficacité et même, préconise le Syndicat des laboratoires de biologie clinique, élaborer un référentiel de prescription également opposable aux médecins, et qui serait validé par l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation de la santé (ANAES).
Enfin, si l'annonce de cette concertation rassérène quelque peu les biologistes qui ont eu, ces derniers temps, peu d'occasions de se réjouir, ils regrettent que le gouvernement n'ait pas, pour signe de sa bonne volonté, accompagné cette annonce d'une suspension du système de maîtrise. Mais, a précisé Elisabeth Guigou à l'ensemble des participants de la journée du 25 janvier, « je n'ai pas l'intention de renoncer à ce qui existe tant que nous nous ne sommes pas mis d'accord sur un système alternatif ». Un discours qui concerne les biologistes, comme l'ensemble des professionnels de santé.
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