Si " Le Généraliste " était paru en mai 1904

L'antique grenouillette

Publié le 14/05/2015

Voici ce que j'ai découvert, dans les miracles de Saint Riquier, à propos de la maladie infectieuse connue sous le nom de grenouillette. Dans les environs du VIIIe siècle, on parle d'une maladie épidémique et, parfois, sporadique (j'en trouve un cas cent ans plus tard) sévissant dans le Ponthieu (rivage maritime de l'ancienne Picardie) caractérisée par un ulcère qui se développait surtout à la gorge et sous l'oreille, probablement au cou, vers l'angle de la mâchoire, ayant son point de départ dans les ganglions de cette région, et qui déterminait la mort avant la fin du troisième jour. Dans les cas sporadiques, sa marche était aussi fulgurante. N'était-ce pas une peste bubonique, se localisant en dehors dans les ganglions lymphatiques du cou, en général d'un seul côté ? Cela en a tout l'air, d'autant plus qu'on appelle cette grenoulllette Pestis dans la narration latine.

Un religieux de Saint-Riquier ayant été guéri, à la suite de l'invocation du saint, et le reste du couvent ayant été épargné, tous les malades de la région atteints vinrent implorer la même faveur à son tombeau. Ils s'en retournaient avec la certitude d'être préservés de toute rechute, nous dit le grand Alcuin lui-même, l'auteur de l'ouvrage en question.

Aussi, lors de la visite de Charlemagne, en l'an 800, au couvent de Saint-Riquier, ce grand roi fit-il cadeau d'une châsse en or, pour y déposer toutes les reliques de son saint fondateur. Il y était venu avec ses filles et toute sa cour vers la fin du carême, pour y célébrer les fêtes pascales, invité par son gendre, Saint Angilbert, le 7e abbé, qui venait de rebâtir le monastère.

(Dr Bougon in " La Chronique Médicale, mai 1904)

Source : lequotidiendumedecin.fr