DE NOTRE CORRESPONDANTE EN ITALIE
DEPUIS un mois, le monde de la médecine italienne a endossé la casaque du volontaire pour venir en aide aux rescapés de l’enfer de l’Aquila. Certains ont renoncé à leurs vacances, d’autres ont pris des congés, d’autres encore ont demandé à être temporairement déplacés dans la ville martyre et ses environs. Du coup, notent aujourd’hui les experts de la Croix-Rouge, le système sanitaire est reparti dans ce département dévasté des Abruzzes. Un exemple : l’hôpital installé devant les structures du Saint Salvatore, le centre hospitalier auparavant qualifié de « modèle » et en grande partie détruit lors du séisme, tourne maintenant à plein régime.
Mais combien de temps cette « solution tampon » peut-elle tenir la route ? Deux à trois mois maximum, répondent les médecins sur le terrain. Car même si le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, a promis que la reconstruction sera rapide, ici on ne se fait pas d’illusions. Et cet hôpital sous la tente ne pourra pas fonctionner lorsque l’hiver recommencera à frapper à la porte de l’Aquila. Alors les autorités locales ont demandé à ce que la structure sanitaire « volante » en construction en Sardaigne, où devait se tenir le G8 en juillet prochain, soit déplacée à l’Aquila où sera organisé le sommet, qui vient d’être délocalisé.
En attendant, les médecins, la Protection civile et les autorités locales ont transformé la tente-hôpital en un centre médical opérationnel. Il y a un bloc opératoire où, durant le week-end de Pâques, les médecins ont pratiqué la première césarienne post-tremblement de terre. Et une centaine de lits ont été installés dans « les chambres », toujours sous la tente. « Nous avons même une IRM et un département de cardiologie plus ou moins bien équipé et un autre pour les dialyses », souligne avec une pointe d’orgueil Rosario Chiarenza, fonctionnaire de la Protection civile.
Les médecins de famille aussi.
Dans les campements de réfugiés éparpillés dans toute la ville et les villages détruits par le tremblement de terre, comme Onna, les médecins de famille ont organisé leurs cabinets dans des petites tentes bleues données par la Protection civile. Une table, un lit en fer, des instruments médicaux, des tampons, des ordonnances et, en deux heures à peine, les habitants des campements peuvent filer à la pharmacie installée sous une autre tente.
Devant la gare de l’Aquila, où trois trains ont été transformés en campements pour hébergés, 450 sans-abri, dont de nombreux retraités. Une tente sert de cabinet à l’équipe des trois psychologues qui se relaient pour discuter avec les réfugiés. Crises d’angoisses, tachycardie, maux de tête, troubles psychosomatiques, perte de l’appétit, autant de symptômes que les psychologues tentent d’enrayer. Mais avec les répliques qui se font sentir toutes les nuits et tous les jours, les sans-abri ont du mal à récupérer. « Apparemment, on a l’impression que les gens vont bien mais ils sont en train de mourir dans leur tête », confie Catia, une quadragénaire qui vit depuis une dizaine de jours dans la couchette du conducteur.
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