Q UAND Jean Poiret lui-même jouait ses pièces, on s'intéressait à ses mimiques, à son débit, à ses époustouflantes improvisations. On écoutait, mais on ne se demandait pas comment tout cela était fabriqué. Aujourd'hui, alors que Pierre Arditi lui succède, on ne peut s'interdire d'être plus attentif au texte et, littéralement, on scrute la manière de Poiret écrivain. Les enchaînements, les relances, les reprises, les répétitions, les coq-à-l'âne, tout ce qui fait, par-delà des situations très astucieusement agencées, le style même de la comédie. Et l'on rit aussi de cela : de cet art du dialogue efficace qui explose, porté qu'il est par quelques très bons interprètes.
Vous connaissez le prétexte. Week-end Pascal. Madame doit se rendre en province. Monsieur qui s'ennuie ramène à la maison une toute jeune fille. Mais, patatras, grève des aiguilleurs, l'épouse rentre. Stéphane ne trouve rien de mieux à inventer que de présenter la belle comme sa fille, un accident de jeunesse. Et voilà la comédie lancée à fond de train. Bernard Murat, qui connaît la musique du vaudeville, imprime un mouvement très vif à la représentation en s'appuyant sur les personnalités des interprètes.
Pierre Arditi joue le jeu du cauchemar. Son Stéphane ne prend rien légèrement, et plus l'action avance, plus il aggrave son cas ! Il pourrait être désinvolte, ce Stéphane, mais il n'y parvient pas... rien à faire. Et cette gravité d'Arditi, homme pris au piège, donne une tonalité intéressante au spectacle. Face à lui, délicieuse et absolument pas paniquée, elle, la Julie de Barbara Schultz est un excellent répondant. La jeune comédienne a un vrai tempérament comique, une fantaisie très personnelle. C'est bien.
Caroline Sihol est peut-être trop sur la réserve. C'est que Sophie a tout compris, bien sûr. Cela donne une distance à la comédienne, un détachement mais parfois on aimerait qu'elle soit prise complètement dans la folie de l'action... La mère de Julie surgit pour ajouter à la confusion : Monique Tarbès offre un moment de pur délire, une composition irrésistible. Quant à Claude Evrard, il lui suffit d'une scène pour mettre le public dans sa poche... Tout le monde, Marie-France Santon, Catherine Blanchard, Olivier Belmont, est à l'unisson. Une bonne soirée de divertissement.
Théâtre des Variétés, à 21 h du mardi au samedi, en matinée à 17 h 30 le samedi, à 15 h 30 le dimanche (01.42.33.09.92). Durée : 2 h 30 sans entracte.
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