Après un premier stress

Le BDNF, marqueur de prédisposition à la dépression

Publié le 20/09/2011
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DANS LES suites d’un événement traumatisant existe-t-il une vulnérabilité à une dépression en cas nouvelle situation stressante ? Oui, vraisemblablement, et certains individus y seraient plus sensibles, répond l’équipe INSERM U975 CNRS de Jean-Jacques Benoliel (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris). Si les conclusions de son travail chez l’animal peuvent être reportées chez l’humain. Ces individus à risque pourraient être dépistés peu après la survenue d’un premier événement, grâce au dosage d’une protéine, le BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor). L’exemple est celui d’un sujet ayant surmonté un deuil ou un divorce et qui, à la suite d’un stress ultérieur, même moins intense, déclarera une dépression.

Les chercheurs ont mené leur étude sur des rats. Les rongeurs ont subi une situation équivalente à un stress social chez l’humain. Un mois après l’événement déclenchant, le taux sanguin de corticostérone était revenu à la normale chez tous les animaux. En revanche, les autres marqueurs biologiques ne s’étaient normalisés que chez 58 % des rongeurs (dits non vulnérables). Chez les autres, les 42 % considérés comme vulnérables, l’équipe a constaté une diminution persistante du BDNF dans le sérum et l’hippocampe, une diminution de volume de l’hippocampe avec une moindre neurogenèse. Il s’y ajoute une rétraction avec une perte dendritiques dans le CA3 et une hypertrophie neuronale de l’amygdale, deux critères de susceptibilité à la dépression. Chez les rats vulnérables, un stress modéré provoquait une élévation de la corticostérone et des signes de dépression.

Modification durable des réseaux neuronaux.

Ces résultats, concluent les chercheurs, mettent en évidence, chez certains individus, une vulnérabilité latente qui sous-tend le risque de survenue d’une dépression. Cette susceptibilité particulière pourrait être identifiée par l’association d’un taux de BDNF bas et d’un taux de corticostérone normal. Chez ces sujets, le stress initial laisserait une trace au niveau cérébral consistant en une modification durable des réseaux neuronaux. L’identification de tels patients permettrait de proposer de façon précoce (en fait avant la survenue d’un deuxième événement stressant) une thérapie de type pharmacologique ou comportementale visant à prévenir une dépression.

The Journal of Neuroscience, 7 septembre 2011, 31(36):12889-12899.

 Dr G.B.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9007