Le lancement des discussions sur les soins de ville

Le Dr Claude Maffioli : on nous mène en bateau

Publié le 28/01/2001
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P RESIDENT de la CSMF, le syndicat médical majoritaire, Claude Maffioli se dit « dubitatif et très déçu » par l'issue du « Grenelle de la santé » qui s'est tenu jeudi dernier à Paris. « J'y étais allé avec un a priori non négatif, indique-t-il au « Quotidien ». Puisque, après tout, il fallait bien se mettre autour d'une table pour discuter et que chacun puisse s'exprimer au cours de cette journée. »

Mais il ne mâche pas ses mots pour dénoncer les propositions d'Elisabeth Guigou, après six heures de débats (créer une mission de concertation et faire le point en juin). « Ce n'est que du vent. Nous avons déjà connu une situation identique avec Mme Aubry (qui avait lancé elle aussi une mission de concertation), cela a duré un an et cela a eu la fin que l'on sait », déclare-t-il.
« Nous avons proposé que l'on se mette au travail sur un temps court en se donnant deux ou trois mois, pour aboutir à une solution et que, pendant ce temps, il y ait un gel du système des sanctions économiques qui pèsent sur les professionnels. Or, il n'y a eu aucun geste du gouvernement pour apaiser les tensions et répondre au malaise de la profession. On va continuer à travailler avec un fusil dans le dos »,
poursuit-il.
« La ministre, déplore Claude Maffioli, s'est contentée de nous dire : on vous a entendus. On vous a compris. On va maintenant discuter pendant des mois et, pendant ce temps, rien ne changera. Vraiment, on se fiche du monde. »
Et d'enfoncer le clou : « Tout le monde sait qu'il faut changer notre système, changer de politique. On ne peut pas à la fois assumer une maîtrise comptable imposée et prendre à notre charge la maîtrise médicalisée. Il faut choisir. Si le gouvernement veut conserver la maîtrise comptable dont tout le monde sait que c'est un système qui ne fonctionne pas, il nous l'imposera. Mais nous ne cautionnerons pas cette politique, prévient-il. En revanche, s'ils veulent changer, nous sommes partants pour mettre en place une logique médicale avec toutes les contraintes que cela comporte pour les professionnels. » Et Claude Maffioli de conclure : « Il est temps que M. Jospin se prononce sur ce sujet. »

Propos recueillis par Clara CAHART

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6844