P OUR Bernard Kouchner, le système de soins français est trop « centré sur la dimension curative ». Il faut donc, selon lui, privilégier davantage la prévention, en instaurant, une « pédagogie du risque ». Le ministre de la Santé a donc présenté au Conseil des ministres un plan national d'éducation à la santé qui s'articule autour de quatre axes.
Tout d'abord, le nouveau cursus des médecins et des autres intervenants dans le champ du bien-être physique et mental, qui prend en compte l'éducation à la santé, constitue le socle de la nouvelle politique. Les bénévoles, comme les salariés des associations œuvrant également dans le domaine sanitaire sont appelés, à leur tour, à se former. En parallèle, les connaissances nécessaires à la conduite d'une stratégie éducative pour la santé, tant dans le domaine de la recherche fondamentale que dans celui de la recherche appliquée, vont être développées. En troisième lieu, un réseau national d'éducation pour la santé sera créé, avec des antennes décentralisées dans chaque région, tandis que l'éducation thérapeutique gagnera les établissements et les chaînes de soins. Enfin, la prévention impliquant un nouveau rapport avec la vie et la gestion du capital santé pour chaque personne, les élèves se verront remettre un « Guide d'éducation pour la santé » à l'entrée à l'école primaire, au collège, puis au lycée.
Le médecin de famille, détecteur de risques
En 1994, Bernard Kouchner, alors secrétaire d'Etat à la Santé et à l'Action sociale du gouvernement Jospin 1, réclamait déjà une révolution par la prévention (« le Quotidien » du 23 juillet 1997). C'était à l'occasion de la 2e Conférence nationale de santé. Qu'il s'agisse de tabagisme, d'alcoolisme, de toxicomanie, de suicide chez les jeunes ou encore des cancers, il voulait que la politique sanitaire mette le cap sur la prévention, sans pour autant fermer la porte aux soins. Il imaginait le médecin de famille comme « détecteur de risques » au cœur du dispositif, grâce à sa connaissance de l'histoire de ses patients et de leur environnement socio-économique. « L'essentiel, affirmait M. Kouchner, c'est le malade, pas le médecin ». Quatre ans plus tard, Bernard Kouchner, homme de conviction, croit toujours en la révolution par la prévention. Et à la direction générale de la Santé, où les personnels s'étaient mis en grève en décembre dernier (« le Quotidien » du 15) pour « qu'enfin soit reconnue la santé publique », on ne peut que se réjouir de la mise en place d'un plan national d'éducation à la santé.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature