Brève

Le grand Inquisiteur, farce et attrape-coeur

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Publié le 15/10/2020
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Crédit photo : © Simon Gosselin / photo non libre de droits pour la presse nationale

Au théâtre, il y a des trahisons nécessaires, même pour des pages célèbres comme le Grand Inquisiteur, un poême extrait des Frères Karamazov de Fédor Dostoïevski. Lorsque débarquent sur la scène de l'Odéon un certain Donald Trump, flanqué de Margaret Thatcher et de Staline, on se dit que l'on s'est trompé de salle. D'autant que Sylvain Creuzevault ne lésine pas sur le côté mauvais goût, façon scatologique. Pourtant la parodie, à l'examen, s'inscrit bien dans le message de Dostoïevski. Quelle que soit l'époque, l'homme préfère en effet le bonheur à sa liberté. Et oublie de penser. Il est vrai que « penser est fondamentalement coupable » selon le dramaturge Heiner Müller dont la lecture de Dostoïevski a constitué un moment décisif. Elle est en tout cas dans ce spectacle un pur joyaux. S'emboite à la manière d'un puzzle, un autre monologue sur le monologue d'une hauteur de vue, d'une intelligence rarement entendue sur une scène de théâtre. Souvent, les programmes ne respectent pas l'intention de leur auteur. Ici on a bien là une "dostoïevskification" du théâtre. Grâce en soit rendue au metteur en scène dont on attend désormais avec impatience sa version des Frères Karamazov programmée en novembre. Avec l'espoir que le spectacle résistera au couvre-feu. 

 

 

Le Grand Inquisiteur d'après Fédor Dostoïevski, jusqu'au 18 octobre 2020 Odéon théâtre de l'Europe.


Source : lequotidiendumedecin.fr