Une approche transdisciplinaire à la psychiatrie

Le neurofeedback cherche sa place

Publié le 14/12/2017
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Il existe actuellement un regain d’intérêt clinique pour le neurofeedback guidé par électroencéphalographie (EEG) en psychiatrie (1), qui coïncide avec le développement des techniques guidées par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) [2]. Le neurofeedback est un sous-type particulier de biofeedback, où la variable traitée – puis modulée par le sujet – est une activité cérébrale (3). Il consiste à mesurer l’activité cérébrale d’un sujet et à lui présenter, en temps réel, un paramètre relié à cette activité. Grâce à ce dispositif, les participants peuvent apprendre à moduler ce paramètre et ainsi être guidés pour développer des compétences cognitives nouvelles, afin de réduire le poids du trouble psychiatrique (4).

Des essais à confirmer

L’EEG neurofeedback a été utilisé pour apprendre à un sujet à (1) :

- augmenter la puissance spectrale EEG dans la bande bêta et diminuer celle dans la bande thêta, dans le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) afin d’augmenter l’éveil (« arousal ») fréquemment diminué dans le TDA/H ;

- inverser le rapport droite/gauche de la puissance spectrale dans la bande alpha au niveau frontal, afin de corriger la dysrégulation de la balance émotionnelle retrouvée dans l’épisode dépressif caractérisé (EDC) ;

- augmenter la puissance spectrale dans la bande alpha (voire dans la bande thêta) afin d’induire un état de relaxation et de diminuer l’hyperéveil cortical dans les troubles anxieux et les troubles addictifs.

Seuls les essais cliniques en EEG neurofeedback dans le TDAH présentent une qualité méthodologique satisfaisante (étude contrôlée et randomisée, en ouvert ou en aveugle) [5].

Des séances répétées

La prise en charge d’un patient par EEG neurofeedback nécessite en général 25 à 50 séances de 45 à 60 minutes (avec une fréquence d’une à trois par semaine). Le nombre élevé de séances permet : l’apprentissage des compétences cognitives nouvelles, le transfert de ces compétences dans la vie quotidienne et l’obtention d’un effet sur la neuroplasticité cérébrale permettant le maintien de l’efficacité dans le temps. Les essais cliniques futurs devront mieux contrôler ces trois variables (5).

(*) Université de Bordeaux, CNRS, USR-3413 SANPSY
(**) Service d'explorations fonctionnelles du système nerveux, clinique du sommeil, CHU de Bordeaux
(1) Arns M, Batail JM, Bioulac S, et al. Neurofeedback: One of today's techniques in psychiatry? Encephale 2017;43:135-45
(2) Fovet T, Jardri R, Micoulaud-Franchi J. Le neurofeedback en psychiatrie : les outils d’imagerie cérébrale et de neurophysiologie au service de la thérapeutique. L'information psychiatrique 2016;92:285-93
(3) Micoulaud Franchi JA, Daudet C. Neurofeedback par électroencephalographie en psychiatrie: une remédiation neurophysiologique. EMC - Psychiatrie 2015 [Article 37-820-C-20]
(4) Micoulaud Franchi JA, Pallanca O. Neurofeedback. In: Vion Dury J, Balzani C, Micoulaud Franchi JA, editors. Neurophysiologie clinique en psychiatrie. Paris: Elsevier Masson 2015:185-212
(5) Micoulaud-Franchi JA, Fovet T. Neurofeedback: time needed for a promising non-pharmacological therapeutic method. Lancet Psychiatry 2016;3:e16

Jean-Arthur Micoulaud-Franchi (*,**)

Source : Bilan Spécialiste