Législation et bonnes pratiques

Le point sur la radioprotection

Publié le 05/04/2012
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Crédit photo : S TOUBON

LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN – Quelles sont les obligations légales du praticien en matière de radioprotection ?

DR VINCENT DIEBOLT – La formation à la radioprotection est une obligation qui s’impose à toute personne utilisant les rayonnements ionisants pour la pratique de l’imagerie diagnostique, interventionnelle et de l’ostéodensitométrie. Plus précisément, la radioprotection comporte deux versants. D’abord celle qui concerne les personnels et qui dépend du ministère du Travail. Elle doit se conformer à la législation pourvue d’un cahier des charges très précis pour obtenir l’agrément et est mise en œuvre sur chaque site de travail par la « personne compétente en radioprotection » (PCR). Selon les textes, cette dernière peut être un médecin ou un technicien de radiologie appartenant au service ou non et devra avoir suivi avec succès une formation à la radioprotection dispensée par un formateur certifié. L’autre volet concerne la radioprotection des patients dont la formation relève du Code de la santé publique. Elle s’adresse aux rhumatologues libéraux et hospitaliers pratiquant la radiologie, la radioscopie interventionnelle et l’ostéodensitométrie, ainsi qu’aux rhumatologues hospitaliers utilisant les produits isotopiques. Ceux-là doivent donc obligatoirement être détenteurs d’un diplôme en radioprotection octroyé après une formation qui devra être renouvelée tous les dix ans.

Comment est organisée la radioprotection des patients ?

Le principe repose sur un calcul théorique qui est d’évaluer la dose maximale que reçoivent les patients grâce aux données renvoyées par la chambre d’ionisation et de la comparer avec les valeurs de référence acceptables. Il convient de rappeler qu’en près d’un siècle, on ne recense aucun incident lié à un examen de radiodiagnostic et que les doses utilisées par les rhumatologues sont assez faibles pour que nous ne puissions pas mesurer leurs effets. Les seules références significatives que nous avons sont liées à des accidents nucléaires majeurs qui ont d’ailleurs poussé la profession et le législateur à engager un processus plus poussé de protection des patients. Il est vrai que depuis Tchernobyl, le cadre a été renforcé et des mesures ont été prises pour ne plus se focaliser uniquement sur les personnels. L’obligation de formation des praticiens constitue la principale réponse à cette problématique de radioprotection des patients. Le groupe de travail sur l’évaluation de ces pratiques lancée par la HAS permettra en outre de dégager plus précisément des axes d’amélioration dans ce domaine.

Où se situent a priori les points de renforcement de la radioprotection des patients ?

Si l’on a longtemps considéré la radiographie comme essentielle au diagnostic, les textes rappellent que l’examen à privilégier doit être celui qui occasionne le moins d’effets secondaires. Dans la plupart des cas qui intéressent les rhumatologues, la meilleure indication est donc souvent l’IRM. Le problème est que cet examen pâtit de délais très importants de mise en œuvre et se voit donc régulièrement substitué par un examen ionisant. Il est donc assez facile de prédire que si les délais pour pratiquer un IRM sont ramenés à la baisse, le nombre d’examens radiologiques le sera en proportion. La donne peut également changer dans le bon sens avec le remboursement prévu des IRM ostéoarticulaires. Il convient, dans tous les cas, de rappeler aux praticiens qu’ils doivent toujours être en mesure de justifier le choix de tel ou tel examen et que les médecins prescripteurs ont également une responsabilité en ce domaine.

Le travail entrepris au sein du groupe d’évaluation de la HAS permettra en outre de dégager un ensemble de bonnes pratiques qui seront utiles aux praticiens pour le renforcement de la radioprotection des patients. D’ores et déjà, certains rappels s’imposent. Même si la rhumatologie interventionnelle ne présente pas les mêmes risques potentiels que la cardiologie interventionnelle en matière d’irradiation, le praticien doit toujours faire en sorte d’utiliser la dose la plus faible possible qui lui permet d’obtenir l’information recherchée. D’autre part, et compte tenu du fait que l’irradiation diagnostique est liée à plus de 50 % à l’utilisation d’un scanner, il est primordial de limiter son usage aux seules indications qui ne peuvent s’en passer. Il n’y a, par exemple, pas lieu de faire pratiquer un scanner dans les cas de lombalgies communes.

L’un des objectifs recherchés par la HAS est donc d’empêcher au maximum les mauvaises prescriptions et autres examens réalisés à tort grâce à la formation obligatoire des praticiens et aux rappels des bonnes pratiques.

Propos recueillis par Benoît Thelliez.

Source : Bilan spécialistes