LE QUOTIDIEN - Vous êtes à la tête de l'INSERM depuis le 24 juillet 1996. Qu'avez-vous apporté à cet institut ?
LE Pr CLAUDE GRISCELLI -Quand j'ai pris la direction générale de l'INSERM, il y avait une forte pression en faveur de la recherche fondamentale. J'ai voulu recentrer l'institut dans ses propres missions (la recherche médicale et la santé publique), en développant les travaux sur la physiopathologie, la prévention en santé publique et la thérapeutique. Nous en avons tenu compte tant dans le recrutement de nouveaux chercheurs que dans les projets de recherche proposés. Nous avons voulu instaurer une continuité entre la recherche fondamentale et ces trois domaines d'application. J'ai souhaité, par ailleurs, ouvrir l'INSERM sur le monde extérieur. L'INSERM est le moteur de la recherche biologique et médicale en France. Mais il ne peut avoir ce rôle stratégique national qu'à condition de travailler avec des partenaires du monde médical, industriel, caritatif et avec les autres organismes de recherche.
Que doit-on comprendre, concrètement, lorsque l'on parle de la médicalisation de l'INSERM ?
L'INSERM s'est tourné vers le milieu hospitalo-universitaire. J'ai fortement augmenté le nombre de postes d'accueil d'hospitaliers de tous niveaux dans les équipes de recherche. Ces hospitaliers peuvent venir faire des recherches, durant deux ou trois ans, à temps plein ou à mi-temps pour les praticiens hospitaliers. Nous avons mis en place 28 comités d'interface qui permettent aux scientifiques de l'INSERM et aux membres des sociétés savantes de réfléchir ensemble, toujours dans ce souci de continuité entre la recherche fondamentale et ses applications médicales.
Les candidats médecins aux postes de chargés de recherche à l'INSERM sont-ils en nombre suffisant ?
C'est un problème. Cette année, nous avons mis en concours 100 postes supplémentaires de chargés de recherche. Or, très peu de médecins se présentent. Nous payons aujourd'hui la forte baisse du numerus clausus décidée il y a plusieurs années. De plus, les carrières dans les organismes de recherche sont moins rémunératrices que les carrières médicales. Mais, grâce à la création de postes d'accueil temporaires (65 en 2002) et à l'ouverture des équipes de recherche de l'INSERM, nous avons réduit ces difficultés.
L'INSERM sera-t-il confronté, selon vous, à d'autres difficultés dans l'avenir ?
Pas à une difficulté mais plutôt une évolution. Aujourd'hui, alors que l'ambiance est très propice à la recherche médicale, la taille des laboratoires est trop petite pour affronter la compétition internationale. Un laboratoire est, en moyenne, formé de 30 à 40 chercheurs dont une dizaine à temps plein. Nous devons regrouper les forces de recherche de l'INSERM sur des sites communs et créer des instituts fédératifs de recherche dans les CHU. La balkanisation des unités de recherche ne permet pas d'être performant. Nous devons mettre en commun les plates-formes technologiques, les animaleries de proximité, les capacités d'ingénierie. Si, en 2005, il existe dix grands instituts de l'INSERM dans les CHU, ce sera un rêve. Mais le système est déjà en marche à Cochin, à Necker, à Toulouse, à Nantes.
Qu'allez-vous devenir, à présent ?
Je suis très heureux du parcours que j'ai réalisé au sein de l'INSERM. Mon vu, c'est que mon successeur, Christian Bréchot, réussisse aussi bien que moi dès la première année. Mais c'est un poste très fatigant. J'ai bientôt 65 ans et le sentiment d'avoir beaucoup donné à la fonction publique. Je viens d'être nommé au Conseil d'Etat, en service extraordinaire, à la section sociale où je suis en charge des questions de santé publique, de recherche médicale, et du dossier concernant la révision des lois de bioéthique. Sur le plan universitaire, je retourne à Necker pour aider, notamment, à mettre en place l'institut fédératif de l'INSERM dont je viens de parler. Antoine Durrleman, le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris m'a également proposé d'être son conseiller médical et scientifique. Enfin, si rien n'est conclu aujourd'hui, je suis actuellement en pourparlers avec plusieurs groupes industriels.
Le Pr Claude Griscelli : l'INSERM est ouvert sur le monde extérieur
Publié le 14/02/2001
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Propos recueillis par S. H.
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 6857
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