Brève

Le silence de Rembrandt

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Publié le 03/10/2019
culture

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Ce petit livre offre la quintessence d’une passion nourrie jour après jour pour l’art de Rembrandt. C’est celui d’un érudit qui a tout lu, mais qui se méfie de l’érudition érigée à la manière d’un dogme pour mieux excommunier et décider de manière péremptoire, définitive ce qui relève ou pas de la main de Rembrandt, quitte à son tour à faire l’objet d’un nouvel oukase quelques années plus tard. Comment en effet oser écrire sur l’art, après les mots prononcés par Goethe et cités par Pascal Bonafoux : « L'art est un médiateur de l’indicible ». Vouloir s’en faire le médiateur à son tour par des mots semble donc insensé. Alors lorsqu’il s’agit d’évoquer les autoportraits de Rembrandt, il faudrait renoncer… L’auteur nous prévient dès les premières pages ; ces peintures n’offrent en rien un miroir de l’âme, ou pis encore la révélation du secret des âmes. D’autant que Rembrandt ne se peint pas seulement dans les autoportraits. On le retrouve dans des peintures d’histoire, voire au pied de la croix du Christ. Se plonger dans cette œuvre ne conduit à aucun savoir positif. Elle ne nous apprend rien sur la psychologie du peintre. Mais nous conduit vers la méditation, le silence. « Si Rembrandt peint le temps, il le peint au présent. » Peut-on mieux parler de cette œuvre encore aujourd’hui indéchiffrable et bouleversante ?

 

Portraits de Rembrandt, Pascal Bonafoux, éditions du Seuil, 160 pages, 19 euros, imprimé en Chine.


Source : lequotidiendumedecin.fr