Biologie médicale

Le tour du monde en 80 minutes de l'accréditation des laboratoires

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Publié le 27/06/2016
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L'accréditation de la phase analytique des examens devient la norme un peu partout, a rappelé François Blanchecotte, président du syndicat des biologistes (SDB) en introduction d'un débat organisé aux journées internationales de la biologie (JIB).

Selon le COFRAC, l'agence en charge de l'accréditation dans l'Hexagone, seule la France, la Hongrie et la Lituanie exigent une accréditation sur 100 % des examens.

« En Roumanie, nous avons accédé à l'accréditation en 2008, en deux ans plus de 850 laboratoires se sont accrédités, sous la pression financière de la Caisse nationale d'assurance maladie », explique le Dr Camélia Grigore, biologiste roumaine, rappelant que cela a permis de grands progrès sur la qualité.

Les biologistes belges, eux, sont soumis à un système d'agrément, depuis un arrêté royal de 1999. Pour l'obtenir, deux biologistes doivent être présents par laboratoire, et les examens doivent remplir plusieurs conditions. L'accréditation y est uniquement volontaire et est demandée principalement par les laboratoires qui souhaitent faire les tests cliniques pour des groupes pharmaceutiques.

En Tunisie, au Maroc et en Algérie, rien d'obligatoire non plus. Le Maroc et la Tunisie ont cependant mis en place des guides de bonnes pratiques pour les laboratoires. « Et près de 80 % des exigences du guide marocain sont conformes à la norme ISO 15189, qui est celle utilisée par le COFRAC », précise le Dr Layachi Chabraoui, biologiste à Rabat.

Mainmise des financiers

Le système allemand est encore différent. Les analyses des laboratoires doivent être conformes à une directive de l'ordre fédéral des médecins. Quatre examens de qualité doivent être réalisés par an, avec une quasi-obligation de bon résultat, sinon le remboursement des patients par la Sécurité sociale en pâtit. En plus de ces exigences, un système d'accréditation existe aussi, il est recommandé, mais pas exigé, comme l'a expliqué le Dr Mariam Klouche.

Les témoignages des biologistes voisins de la France ont également montré que les laboratoires privés étaient légion dans tous les pays. Certains, comme la Roumanie, subissant un phénomène de regroupement et de financiarisation du secteur analogue à celui de la France. Seule l'Allemagne ne subit pas ce phénomène : 50 laboratoires sont privés et appartiennent à des chaînes, et environ 300 laboratoires sont au sein des hôpitaux.

« Si nous avons beaucoup appris de la France, nous voulons cependant éviter son exemple dans ce domaine », a de plus déclaré le Dr Wadie Khrouf, biologiste tunisien, pour qui les laboratoires doivent absolument rester entre les mains des biologistes.

À la fin de cette table ronde internationale, Jean Benoit, ancien président du SDB, s'est même dit effrayé par la puissance de la financiarisation dans le secteur, et inquiet pour l'avenir de la biologie médicale française.

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9508