CONGRES HEBDO
M EME si tous ceux qui la pratiquent ne sont pas d'accord avec cette définition, l'hypnose est classiquement appelée « le quatrième état de conscience ». Pour Claire Jussiaux, psychologue, l'intérêt de cette approche est de permettre une prise en charge globale de la douleur en venant compléter l'approche organique du travail médical traditionnel par une approche plus subjective, c'est-à-dire s'intéressant à l'aspect émotionnel de la douleur.
« L'hypnose est proposée
après le contrôle médical, qui a écarté tout souci diagnostique. Cette décision s'appuie sur une concertation pluridisciplinaire ; le désaccord du patient, une décompensation psychiatrique grave demeurant des contre-indications à ce type de prise en charge », affirme l'hypnothérapeute.
L'hypnose permet de modifier les mauvais apprentissages et les mauvais réflexes pour les remplacer par des réflexes plus adéquats qui amènent véritablement et durablement le soulagement. « L'hypnose s'adresse aux patients souffrant de douleurs chroniques ou aiguës (intervention obstétricale, traumatologie par exemple), aux troubles névrotiques, à la symptomatologie phobique, à l'entraînement des sportifs pour optimiser les compétences et les capacités de chacun, explique la psychologue. Les pathologies dermatologiques comme l'eczéma, la chute des cheveux ou les soins palliatifs peuvent aussi faire appel aux techniques hypnotiques. Aujourd'hui, je m'occupe plus particulièrement des migraineux, des patients souffrant de céphalées de tension, de lombalgies ou présentant des douleurs zostériennes. »
Construire une métaphore de la douleur
De nombreux moyens s'offrent à l'hypnothérapeute pour élaborer sa prise en charge. Schématiquement, on distingue deux types d'approches : la première essentiellement basée sur l'imaginaire, c'est-à-dire sur les images mentales du sujet et sur ce qu'elles déclenchent physiquement en lui. « La thérapie consiste alors à construire une métaphore de la douleur, c'est-à-dire un scénario imaginaire qui soit le plus proche des représentations mentales et du vécu du sujet, souligne Claire Jussiaux. Au cours de la démarche hypnotique, le patient travaille peu à peu ses images mentales et voit progressivement s'élaborer des solutions qui n'étaient ni envisagées ni envisageables auparavant ; l'enfant est particulièrement réceptif à ce type d'approche car il est davantage ouvert sur son imaginaire que ne peut l'être le sujet adulte. L'autre technique s'appuie sur l'aspect cognitif, sur la notion d'apprentissage et de réflexe. L'approche est alors plus corporelle et peut associer des techniques de relaxation ou de respiration. Le soulagement est obtenu par la correction de mauvaises habitudes corporelles. »
Ces approches nécessitent d'utiliser l'attention du patient soit en fixant un point ou un objet, soit en la dispersant de façon à obtenir un état de conscience modifié.
Les séances sont effectuées dans la position idéale du sujet, le plus souvent allongé.
Parallèlement, le suivi médical reste nécessaire et peut être révisé à tout instant afin d'adapter le traitement médicamenteux en fonction des progrès du patient. « Cette évaluation intervient après 5 à 6 séances d'hypnose », précise Claire Jussiaux.
L'hypnose vit ses premiers pas dans le domaine médical depuis une dizaine d'années ; elle ouvre, selon Claire Jussiaux, un nouveau champ d'intervention dans le traitement de la douleur chronique ou aiguë.
D'après un entretien avec Claire Jussiaux, psychologue et hypnothérapeute à l'hôpital Tenon et à l'hôpital Ambroise-Paré (Paris).
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