L ES ouvriers qui ont participé à la construction du métro d'Oslo sont exposés à des concentrations élevées de poussières, de particules de quartz et de gaz polluants comme le dioxyde d'azote et ont davantage de symptômes respiratoires, par comparaison avec une population d'ouvriers travaillant à l'air libre.
Peu de travaux se sont intéressés aux risques auxquels sont exposés les ouvriers qui travaillent dans les chantiers de construction souterrains du métro. Il est pourtant notoire que les entreprises de forage et de dynamitage provoquent des émissions de poussière dont il est important de connaître les effets sur la fonction respiratoire. En outre, les engins utilisés sur les grands chantiers sont à l'origine d'émanations, telles que les particules Diesel ou le dioxyde d'azote, dont on connaît le potentiel inflammatoire sur les bronches.
Des médecins de l'Hôpital national d'Oslo et de l'Institut national norvégien des maladies professionnelles (dirigé par Bente Ulverstad) ont analysé les relations entre polluants atmosphériques et fonction respiratoire chez deux groupes d'ouvriers de la construction lourde, les uns travaillant sous terre et les autres à l'air libre.
Le chantier de la construction de la station principale du métro d'Oslo a servi de lieu d'observations pour les ouvriers souterrains. Cela représentait une excavation de 124 000 m3, qui a demandé un an de travail à certains ouvriers. Ces derniers ont été comparés à des ouvriers qui ont effectué des tâches similaires à l'air libre dans trois chantiers situés à proximité. Aucun des participants ne devait auparavant avoir travaillé dans un tunnel, ni présenté un asthme, ni avoir souffert d'infection respiratoire depuis moins de trois semaines. Tous devaient, en revanche,
être non fumeurs.
L'équipe de recherche a d'abord mesuré la quantité de poussière présente dans l'atmosphère et de calibre suffisamment petit pour être respirée. Le taux de particules d'alpha-quartz inhalable, un minéral très répandu en Norvège, a également été déterminé par diffraction aux rayons X. La concentration de dioxyde d'azote a été mesurée par une technique électrochimique.
Les 29 ouvriers du métro et les 26 travailleurs des chantiers extérieurs ont été soumis à des épreuves fonctionnelles respiratoires.
Le degré de congestion de la muqueuse nasale a été évalué par rhinométrie acoustique, une nouvelle méthode, et le taux de NO, témoignant de l'inflammation bronchique, a été dosé dans l'air expiré.
Les ouvriers du chantier souterrain ont été exposés à une quantité totale de poussière cinq fois plus importante que leurs homologues travaillant à l'air libre, à huit fois plus de poussières respirables et trente fois plus de particules de quartz. Le dioxyde d'azote était indétectable à l'air libre, tandis qu'on en a relevé 7,4 ppm dans le métro.
Congestion nasale, maux de gorge, toux, sifflements
Les travailleurs du métro se plaignent deux fois plus souvent que les autres de congestion nasale (22 versus 11), de maux de gorge (19 versus 6). 11 ouvriers du métro ont présenté une toux grasse et autant ont eu des épisodes d'oppression thoracique ou de sifflements respiratoires.
Le taux du NO dans l'air expiré était en moyenne plus élevé chez les ouvriers souterrains : 8,4 contre 5,6 ppb. Les ouvriers qui développent le plus de symptômes respiratoires sont aussi ceux qui ont les taux de NO les plus importants.
Les recherches se poursuivent pour identifier les polluants. Les diesels sont fortement soupçonnés.
Cette étude montre le besoin de renforcer les mesures de protection des ouvriers qui travaillent en souterrain, notamment avec des méthodes de ventilation plus efficaces et par une amélioration des moteurs Diesel.
« European Respiratory Journal », mars 2001.
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