De notre correspondante
à New York
L E virus herpès humain de type 8 (VHH8) est l'agent causal du sarcome de Kaposi, ainsi que du lymphome d'effusion primaire et de la maladie de Castleman multicentrique. Le sarcome de Kaposi, on le sait, est le cancer associé au SIDA le plus fréquent, le cancer le plus fréquent dans certaines régions d'Afrique et un cancer fréquent chez les transplantés. La principale voie de transmission du VHH8 est considérée comme étant le rapport homosexuel chez les hommes. Il reste à savoir si le VHH8 peut être transmis au cours du rapport hétérosexuel et on sait peu de choses sur sa transmission chez les femmes. Il n'est pas non plus certain qu'il puisse être transmis par le sang présent sur les aiguilles des toxicomanes I.V. Et, pour l'instant, il n'a pas été constaté de transmission du VHH8 par les transfusions sanguines, selon deux études de 32 sujets qui ont reçu du sang de donneurs VHH8 séropositifs.
On sait que, en Afrique, des voies de transmission non sexuelles prédominent (Cf. encadré). Une étude de Cannon (Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta) et coll. apporte aujourd'hui de nouvelles précisions.
Leur étude épidémiologique prospective, conduite dans cinq grandes villes américaines, porte sur 13 000 femmes infectées par le VIH ou a risque d'infection à VIH en raison d'une toxicomanie I.V. ou d'une activité sexuelle à risque. Les investigateurs ont obtenu leur sérologie VHH8 et examiné quels facteurs de risque sont associés à une sérologie positive. L'étude montre que la séropositivité VHH8 chez ces femmes est indépendamment associée à la toxicomanie I.V. quotidienne (risque de séropositivité VHH8 multiplié par trois), à l'infection à VIH (risque multiplie par 1,6) et à une séropositivité pour la syphilis (risque multiplié par 1,8).
Parmi les femmes de l'étude qui ont un faible risque de transmission sexuelle, la séroprévalence VHH8 est de 0 % chez celles qui ne sont pas toxicomanes I.V. et de 36 % chez celles qui sont toxicomanes I.V.
Prostitution et séropositivité syphilitique
L'étude apporte plusieurs arguments en faveur de la transmission hétérosexuelle du VHH8. La prostitution et la séropositivité syphilitique sont significativement associées à la séropositivité VHH8. La séropositivité pour le virus herpès simplex de type 2, des rapports sexuels avec un homme bisexuel et un nombre élevé de partenaires sexuels (plus de cinquante) augmentent aussi le risque de séropositivité VHH8. De plus, notent les investigateurs, la séroprévalence VHH8 chez les femmes non toxicomanes I.V. de l'étude (qui ont une activité sexuelle à risque) est supérieure à la séroprévalence VHH8 chez les donneurs de sang (13 % comparé à 3 %).
Point à résoudre : les transfusions
L'étude montre aussi une association indépendante entre la séropositivité VHH8 et la toxicomanie I.V., ce qui suggère que le VHH8 est transmis par le sang présent sur les aiguilles des toxicomanes I.V. Toutefois, il est probable que sa transmission par le sang ne soit pas très efficace. Premièrement, la séroprévalence VHH8 chez les femmes toxicomanes I.V. de l'étude est considérablement plus faible que la séroprévalence qui a été observée chez les hommes homosexuels infectés par le VIH. Deuxièmement, chez les toxicomanes I.V. de l'étude, la séroprévalence VHH8 est beaucoup plus faible que celle du VHB et du VHC.
« Il sera important, concluent les auteurs, de déterminer si le VHH8 est transmis par les transfusions sanguines ou de dérivés sanguins et si une telle transmission est associée à la maladie. »
« New England Journal of Medicine » du 1er mars 2001, p. 637.
En région d'endémie
Les rapports sexuels et la toxicomanie I. V. ne représentent pas les seules voies de transmission du VHH8. Il faut en effet rappeler une étude récente réalisée à Maripasoula (petit village d'environ 2 000 habitants de Guyane française ; groupe ethnique d'origine africaine) par une équipe de l'Institut Pasteur et une équipe de l'INSERM, et publiée dans le « Lancet » du 23 septembre 2000 (« le Quotidien » du 25 septembre). Ce travail a montré que, dans cette région d'endémie, le VHH8 est transmis principalement avant l'âge de 15 ans, de mère à enfant et entre frères et surs. La salive et les contacts interpersonnels (peau non intacte, muqueuses, larmes) semblent constituer la voie de transmission préférentielle.
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