Le mois d’août, qui vient de se terminer, a été désastreux pour les bains de mer en l’an de grâce 1903. Jamais, malgré la présence de nombreuses personnes, plus ou moins faibles, sur les côtes de France, on n’avait passé, en août, tant de journées sous l’eau, au lieu de les voir paisiblement s’écouler ensoleillées, au bord des flots paisibles. Mais, en réalité, il y a plusieurs années déjà que le premier mois des vacances classiques est peu favorable à ce genre d’hygiénique exercice.
Pour bien des raisons, beaucoup de gens demandent à ce qu’on donne congé aux jeunes collégiens dès juillet, le véritable mois des chaleurs ; et, vraiment, si l’on se basait sur l’époque la plus favorable aux bains de mer, ce serait certainement ce mois-là qu’il faudrait choisir pour envoyer à l’Océan les garçons au teint pâle et les fillettes à la mine renfrognée.
Peut-on affirmer, cependant, que cette manie des bains froids et cet amour immodéré des stations balnéaires, caractérisé par la présence, sur nos rivages, d’un cordon presque ininterrompu de villas de Dunkerque à Biarritz, s’expliquent par les résultats thérapeutiques obtenus ? Il serait téméraire de ne pas faire de réserves, car la « vague » ne convient pas à tout le monde, même en musique de valse…
Pourtant, il est indiscutable que les enfants, sinon les personnes âgées, retirent un grand profit d’un séjour au bord de la mer un peu prolongé ! Il suffit de surveiller les jeunes gens qui peuvent bénéficier de cette manière de vivre pour être de suite fixé à ce propos.
Mais cela n’empêche pas que le bain de mer froid ne convient guère à ceux qui ont passé la quarantaine, quelque habitude qu’ils aient de l’Océan, de l’eau glacée et de la douche ; et on peut regretter que beaucoup ne se préoccupent guère de ces utiles données. Quand on est sur l’autre côté de la colline de la vie, il faut bien prendre garde aux accidents de la descente, ceux de la montée, qu’on a franchi jadis avec plus ou moins de désinvolture et parfois fort allègrement, ne sont rien auprès de ceux qui nous attendent au bas de la vallée des Enfers… Il ne faut pas l’oublier, surtout aux bains de mer, et dans les mois d’août pluvieux.
(Debaut-Manoir, « La Gazette médicale de Paris », 5 septembre 1903)
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