Si « Le Généraliste » était paru en 1909

Les doigts dans le nez, ça peut être très dangereux !

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Publié le 23/03/2016
histoire

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Un brave père de famille, âgé de 45 ans, est venu me consulter en juillet 1907, adressé par mon ami le Pr Imbert, de l’École de médecine de Marseille. Ce malade présentait une tuméfaction du nez, principalement localisée à l’aile gauche et à la sous-cloison. Cela faisait penser à de la folliculite diffuse ou à un début d’érysipèle.

L’examen rhinoscopique  ne révélait rien de particulier, qu’une très petite érosion siégeant à la partie supérieure du ventricule du lobe du nez, à gauche. Pas de sensation spéciale en pratiquant le toucher au moyen d’un doigt placé dans la narine et d’un autre appliqué extérieurement.

Comme le malade souffrait beaucoup, je pratiquais une incision qui donna issue à une quantité de sang noirâtre assez abondante. Le malade fut soulagé et revint trois ou quatre jours après. La petite érosion s’était agrandie, le nez était moins gros et la douleur disparue. Mais, dans le sillon nasogénien, un ganglion dur et gros comme un haricot, était perceptible. Le ganglion pré-auriculaire était également pris. Malgré l’absence d’autres symptômes, il fallait songer à un chancre syphilitique.

Le malade fut examiné par un syphilligraphe très distingué, le Pr Perrin, et le traitement spécifique fut institué. À part une légère roséole, le malade ne présenta pas de troubles nouveaux et le nez a repris des proportions normales. On sent seulement une légère induration dans le ventricule du lobe du nez. Le questionnaire posé au malade, qui est un homme sérieux, ne permet d’expliquer l’inoculation en ce point que par ce fait qu’il a l’habitude de se gratter le nez pendant ses heures de travail alors qu’il a la manipulation d’objets qui passent par bien des mains. Je ne puis en dire plus long, par crainte de préciser la profession de mon ancien client, très connu à Marseille. On n’a pas souvent observé d’accident primitif dans cette région si limitée et difficile à atteindre autrement qu’avec l’ongle ou un objet souillé. 

(Courrier du Dr P.M. Constantin dans « La Chronique médicale », 1908)


Source : lequotidiendumedecin.fr