Dépression et idées noires

Les enseignements de l’étude LUEUR

Publié le 31/03/2010
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Crédit photo : S TOUBON

LES IDÉES NOIRES et l’idéation suicidaire sont fréquentes en cas de dépression, mais pas toujours liées à la sévérité de l’état dépressif. Leur évaluation est donc difficile. De plus, 2 suicidés sur 3 seulement ont évoqué leur projet avant de le réaliser. Par ailleurs, en cas de comportements à risques, l’évaluation du risque suicidaire doit être particulièrement prudente.

Chez le sujet non déprimé, le système limbique, notamment l’amygdale, siège des émotions primitives, est en équilibre avec le cortex préfrontal, qui tempère ces émotions en utilisant des capacités cognitives. Des études de neuro-imagerie suggèrent une hyperactivité de l’amygdale au cours de la dépression, au détriment des structures préfrontales qui sont hypoactives. Les affects du dépressif sont alors envahis de pensées automatiques négatives. Il était légitime de vérifier si un traitement antidépresseur doté de propriétés neuroréparatrices et neuroprotectrices est susceptible de rétablir l’équilibre entre l’amygdale et le cortex préfrontal. C’est pour répondre à toutes ces questions que l’enquête LUEUR a été mise en œuvre par Ardix Medical chez des patients consultant pour un épisode dépressif majeur. Elle a été coordonnée par P. Gorwood (centre hospitalier Sainte-Anne, Paris), P. Courtet (pôle psychiatrie, CHRU, Montpellier) et Y. Le Strat (Colombes). Cette enquête épidémiologique a porté sur près de 5 000 patients, jeunes, âgés en moyenne de 47 ans. Sur le plan thérapeutique, les praticiens pouvaient choisir la tianeptine (Stablon) ou un autre antidépresseur de leur choix.

Rumination.

L’étude LUEUR a montré que la prévalence des troubles dépressifs est élevée. Ainsi, 3 à 6 % de la population générale présentera une dépression au cours d’une année et 15 à 20 % au cours de la vie entière. Au cours des épisodes dépressifs majeurs, l’humeur dépressive est constante au long de la journée. Elle s’exprime sous forme de propos pessimistes sur l’avenir avec vécu d’échec et de culpabilité. Les idées noires sont faites de rumination et contribuent au risque de passage à l’acte suicidaire, d’autant qu’il existe une perte de l’estime de soi ou un sentiment de solitude. La perte d’intérêt et la perte de motivation sont fréquentes et conduisent à un accroissement de l’isolement et du repli agressif. Cette étude a également montré que chez les patients sévèrement atteints, les scores de dépression sont très nettement améliorés dès les premiers jours de traitement dans les deux groupes de l’étude. À efficacité antidépressive strictement équivalente, Stablon a induit 2 fois moins de passage à l’acte que tout autre antidépresseur.

D’après la communication du Pr P. Gorwood lors du 1er congrès français de psychiatrie, Nice.

 Dr GÉRARD BOZET

Source : Le Quotidien du Médecin: 8740